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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

d’une si haute contemplation. Avec ces dispositions ; le Gnostique goûtera la volonté de Dieu ; car ce ne sont pas les oreilles du corps, mais celles de l’âme qu’il ouvre à la signification cachée sous les paroles qu’il entend. Maintenant qu’il a reçu par les mots l’essence des choses, et les choses elles-mêmes, il élève sagement son âme vers des régions plus sublimes. Cette double défense, par exemple : « Tu ne commettras point l’adultère. » — « Tu ne seras point homicide, » il la comprend dans un sens particulier, telle qu’elle a été formulée pour le Gnostique, et non avec la signification vulgaire qu’elle a pour le reste des hommes. Il poursuit donc l’exercice de la contemplation scientifique afin de se former graduellement aux vérités qui portent avec elles plus d’universalité et de magnificence, bien convaincu que l’instituteur véritable de l’homme, ainsi que parle le prophète, c’est le Seigneur, le Seigneur qui opère par la bouche de l’homme. Voilà pourquoi il a revêtu lui-même les infirmités de notre chair.

Jamais le disciple de la science ne préfère ce qui est agréable à ce qui est utile, non, jamais, quand même une femme dans l’éclat de la beauté, le provoquerait au crime avec des allures de courtisane. La femme du maître que servait Joseph a-t-elle pu parvenir à ébranler ses résolutions ? Il abandonne sa tunique et se laisse dépouiller par ces mains impudiques. Je me trompe. Il n’est dépouillé que des vêtements du péché : il a revêtu la robe de l’innocence et de la gloire. Sans doute les yeux du maître, du maître égyptien veux-je dire, n’apercevaient pas Joseph ; mais le Tout-Puissant le voyait. L’homme entend, il est vrai, la parole ; il aperçoit les corps. Dieu va plus loin, il sonde la personne elle-même d’où partent la parole et les regards. Par la même raison, que la maladie, qu’un événement soudain, que la mort, de tous les événements le plus terrible, fondent sur le Gnostique, il conserve l’intrépidité de son âme, à la pensée que toutes ces catastrophes sont une condition inaliénable de notre nature. Il sait d’ailleurs que la puissance divine les convertit en remèdes salutaires, destinés à réformer par la correction et le malheur ceux qui résistent à la