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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

dit. De nombreuses autorités confirment ce que nous avançons. Qu’il suffise d’un seul exemple où le prophète David s’exprime ainsi sommairement : « Qui montera sur les montagnes du Seigneur ? qui s’arrêtera dans son sanctuaire ? Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur, qui n’a pas reçu son âme en vain, qui n’a jamais été parjure, celui-là recevra la bénédiction du Seigneur, et obtiendra la miséricorde de Dieu son sauveur. Telle est la race de ceux qui cherchent le Seigneur, qui aspirent à la face du Dieu de Jacob. » Le Psalmiste nous a brièvement indiqué le Gnostique, ce me semble : il nous montre aussi en passant que notre Sauveur est Dieu, en appelant face du Dieu de Jacob celui qui a prêché et enseigné tout ce qui concerne l’Esprit. Voilà pourquoi l’apôtre nomme également le Fils la splendeur du Père, le caractère de sa substance, parce qu’il a enseigné aux hommes la vérité sur Dieu, et qu’il a proclamé que Dieu le Père est un, qu’à lui seul appartient la toute-puissance, que « personne ne le connaît si ce n’est le Fils, et celui auquel le fils l’a révélé. » L’unité de Dieu est indiquée par ces mots, ceux qui aspirent à la face du Dieu de Jacob. Que le Dieu unique soit seul un père plein de bonté et de miséricorde, Dieu notre Sauveur le déclare formellement. Il faut entendre par la génération de ceux qui le cherchent la race des élus, qui est douée de la faculté d’investigation, pour arriver à la connaissance. Aussi l’apôtre nous dit-il : « De quelle utilité vous serais-je, si, aux langues que je pourrais vous parler, je ne joignais ou la révélation, ou la prophétie, ou la science, ou la doctrine ? »

Je sais bien qu’il arrive quelquefois à ceux qui ne sont pas Gnostiques de bien faire ; mais leurs actions n’ont pas la raison pour moteur. Ainsi du courage, par exemple. Certains hommes, naturellement irascibles, devenus plus fougueux encore par l’habitude d’une passion qu’ils ont nourrie sans la combattre par la raison, en s’abandonnant à une aveugle impétuosité, exécutent les mêmes actes que le courage réel, ou bien, pareils à des artisans grossiers, résistent aux labeurs et aux supplices avec une dure opiniâtreté. Qu’ils se résignent