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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ses parties l’affaire de son salut. Dieu n’exige donc de nous que ce qu’il nous est possible de faire, c’est-à-dire, dans les biens absents ou présents qui intéressent notre salut, la détermination volontaire, le désir, la possession, l’usage, la persévérance. Voilà pourquoi l’homme qui converse avec Dieu doit avoir une âme pure et sans tache, condition imprescriptible, s’il travaille à posséder en lui-même la perfection de la bonté. Sinon, qu’il cherche du moins à s’élever à la connaissance ; qu’il soupire après elle, mais surtout qu’il se tienne bien loin du mal.

Il convient encore au Gnostique de n’adresser à Dieu que des prières vertueuses et dans la compagnie des hommes vertueux. La communication avec les péchés d’autrui est contagieuse. Avec ceux dont la foi est récente encore, le Gnostique ne priera que sur les points où la publicité de la demande est permise. Quant à sa vie entière, nous l’avons dit, c’est un long jour de fête. Ses sacrifices ordinaires sont ses prières elles-mêmes, les louanges de Dieu qu’il répète, les saintes Écritures qu’il lit avant ses repas, les psaumes et les hymnes qu’il chante, soit pendant qu’il est à table, soit avant de s’endormir, et enfin les prières de la nuit. Grâce à elles, enrôlé qu’il est déjà dans l’indéfectible contemplation qui lui rend Dieu toujours présent, il s’unit à tout le chœur divin par la constante application de sa pensée. Mais quoi ! le Gnostique ne connaît-il pas d’autres sacrifices encore ? Ne fait-il pas à l’indigent l’aumône des salutaires vérités et des biens matériels qu’il possède ? Oui ; sans doute, et dans une mesure abondante. Mais comme il tient de la bouche du Seigneur lui-même quels sont les biens qu’il faut demander, jamais il ne recourt à ces longues et verbeuses prières que la voix articule. Il priera donc en tout lieu, mais non pour attirer sur lui les regards de la multitude. Sa promenade, sa conversation, son repos, ses lectures, les œuvres que dirige la raison, c’est toujours la prière sous mille formes différentes. Qu’il descende seulement par la pensée dans le sanctuaire de son âme, et qu’il invoque le Père avec des gémissements inénarrables, il n’a point encore achevé de parler que