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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ment sinon en réalité, par ce qu’autrement il serait déjà investi sans retour des tabernacles par où l’âme passe de degrés en degrés, ainsi que des dispensations divines qui l’attendent. Dieu lui vient aussi en aide en l’honorant d’un soin plus immédiat. L’ensemble des êtres n’a-t-il point été créé pour que l’homme vertueux en use et les possède, disons mieux, afin que les créatures servent au salut de l’homme vertueux ? Comment croire après cela que la Providence enlève les auxiliaires de la vertu à celui pour qui elle a tout opéré ? Nul doute qu’en soutenant la bonne nature et la sainteté du régime qu’ils ont embrassé, la divine sagesse ne communique à ceux qui ont résolu de bien vivre des forces pour consommer l’œuvre de leur salut, ici, en leur parlant par la voie de la simple exhortation, là, en tendant une main secourable à ceux qui l’ont mérité par leurs efforts personnels. Tout bien de cette espèce va donc naturellement chercher le Gnostique dont la fin est de savoir, et d’agir en toutes choses avec une parfaite connaissance. Regardez le médecin. Il rend la santé aux malades qui, par leur énergie intérieure, concourent avec lui au rétablissement de leur santé. Dieu se conduit de même vis-à-vis de nous. Il accorde le salut éternel à ceux qui travaillent concurremment avec lui à l’édifice de la connaissance et des bonnes œuvres. Oui, la promesse divine ne se réalise que par l’action de l’homme, puisque l’accomplissement des obligations imposées par le précepte est laissé en notre pouvoir. Aussi ne puis-je refuser mon admiration à ce mot de la Grèce. Un athlète qui n’était pas sans gloire dans l’antiquité avait longtemps exercé ce misérable corps pour l’accoutumer à la valeur. Il va combattre aux jeux olympiques. Tout à coup il apperçoit la statue de Jupiter qu’adoraient les Pisans : « Père des dieux, s’écria-t-il, si je n’ai rien omis pour me préparer au combat, donne-moi la victoire ! Tu me la dois. » Il se passe quelque chose de semblable pour le Gnostique. Après qu’il a rempli, dans la mesure de ses forces, sans reproche et avec le témoignage d’une bonne conscience, tout ce qui concerne la doctrine, l’exercice, les œuvres et le désir de plaire à Dieu, il est sûr d’avoir conduit à terme dans toutes