Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/625

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
621
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

fermeté d’âme un régime de vie immuable et travaille à s’établir dans la constante uniformité du bien. Si vous laissez, au contraire, dans l’édifice quelque angle ruineux et penché vers la terre, les matériaux que vous avez déjà dressés en l’air avec le levier de la foi, vont crouler eux-mêmes dans une ruine commune. Ainsi, le fidèle qui a conquis dans l’exercice de la gnose une vertu inamissible, a transformé l’habitude de la vertu en une seconde nature. La pesanteur est inséparable de la pierre : de même, sa science lui devient une propriété inaliénable, et cela, non pas malgré lui, mais dans la plénitude de son choix, par la puissance combinée de la raison, de la gnose et de la prévoyance. La vigilance, en effet, le conduit à cet état inamissible. Gardé par une précaution sévère, il ne pèche pas ; retenu par la prudence et le bon conseil, il conserve le fruit de ses efforts. Or, la Gnose fournit, ce me semble, à qui la possède le bon conseil, en lui apprenant à discerner tout ce qui peut l’aider à se maintenir dans la vertu. La connaissance de Dieu, voilà donc le plus précieux de tous les trésors. Par conséquent, elle veille à l’inamissibilité de la vertu. Connaître Dieu, c’est être saint et pieux. Donc le véritable Gnostique, ainsi que nous l’avons établi précédemment, possède seul la piété. Sans doute, les biens présents le réjouissent ; mais les biens promis le transportent d’allégresse, comme s’ils étaient déjà présents. Ne dites pas : L’absence les lui cache : il connaît d’avance tout ce qu’ils sont. Persuadé par la gnose que l’avenir sera de telle et telle manière, il est déjà en possession de l’avenir. Ce qu’il y a d’incomplet et de défectueux doit se mesurer sur le degré de ses forces. S’il est vrai qu’il possède la sagesse et que la sagesse proprement dite, soit un attribut divin, celui qui participe de l’être auquel rien ne manque, ne manquera de rien lui-même. Car, dans la communication de la sagesse, l’être qui distribue et celui qui participe, ne se meuvent ni ne se retiennent mutuellement. Le premier ne s’appauvrit pas de ce que le second lui a enlevé. Par conséquent, l’abondance de celui qui donne ne s’épuise pas dans la fréquence de la communication.

Le Gnostique a donc tous les biens imaginables, virtuelle-