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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

volupté ni à la douleur : encore moins se laisse-t-il subjuguer par elles. Assis sur le tribunal du juge, si le Verbe l’appelle à ces fonctions, il demeure impassible, sans rien accorder aux mouvements des passions, marchant d’un pas immuable dans la route que lui trace la justice, avec la conviction que la plus haute sagesse préside au gouvernement de ce monde, et que les âmes qui ont embrassé librement la vertu gravitent incessamment vers le bien, jusqu’à ce qu’elles touchent au bien par essence, arrivées déjà, pour ainsi-dire, dans les vestibules du Père, quand elles sont rapprochées du grand Pontife de la loi nouvelle. Le Gnostique fidèle est donc celui qui est persuadé de cette vérité : Les choses de ce monde sont gouvernées pour le mieux. Avec cette pensée, il supporte sans plainte et sans murmure tous les événements qui surviennent. Ce qui est nécessaire aux besoins journaliers de la vie matérielle, il ne le demande pas. Pourquoi le ferait-il ? N’a-t-il pas l’invincible conviction que le Dieu à la providence duquel rien n’échappe, fournit à l’homme de bien ce qui lui est utile, sans attendre même ses sollicitations ? L’artisan est nourri par son art, le Gentil reçoit l’aliment qui convient au Gentil. Il en est de même du Gnostique : il reçoit par la gnose tout ce dont il a besoin. Le païen qui se convertit implore le don de la foi, celui qui monte les degrés de la connaissance soupire après la perfection de la charité. Mais le Gnostique qui est parvenu au faîte de la science divine demande l’accroissement et la permanence de la contemplation, à peu près comme l’homme vulgaire fait des vœux pour que sa santé demeure toujours florissante.

Seigneur, que ma vertu ne défaille jamais, dira-t-il encore, pendant qu’il contribue de son côté à l’asseoir sur un fondement inébranlable. Il sait bien que la négligence précipita de leurs trônes quelques anges infidèles qui n’avaient pas su encore arrêter les inconsistantes fluctuations de leur volonté dans l’équilibre d’une nature unique. Mais êtes-vous parvenu des degrés inférieurs au point culminant de la connaissance ? Vous êtes-vous comme exercé aux sublimités de la perfection ? dès-lors, et le temps et le lieu, tout vient en aide à qui embrasse avec