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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Content de ce qui lui appartient, ne soupirant après rien de ce qui est à autrui, sachant à fond qu’elle est la volonté du Tout-Puissant, voyant ses vœux accomplis aussitôt que formés, attaché surtout à la puissance dans laquelle réside toute force, en travaillant à devenir spirituel, il s’identifie avec l’Esprit par une charité sans bornes. Ainsi plein de hautes pensées, cet homme, qui possède par la connaissance le trésor inestimable et le plus excellent de tous les biens, s’applique aisément à la contemplation, et porte au dedans de lui-même la faculté permanente de la contemplation, je veux dire le coup d’œil rapide et clairvoyant de la science. Ses efforts se dirigent principalement vers l’acquisition de cette faculté. Maître de tous les mouvements qui combattent l’esprit, établi dans l’indéfectible habitude de la contemplation, exercé de longue main à s’abstenir de ce qui est agréable, et à gouverner l’ensemble de sa conduite d’après les lois de la raison, que dirai-je encore ? riche des trésors de l’expérience, sous le rapport de la doctrine non moins que sous le rapport de la vie, il se distingue par la liberté de son langage. Ne croyez point qu’il tombe pour cela dans un débordement de paroles violentes et sans frein. Non ; son discours est simple. Jamais il ne dissimule, ni par complaisance ni par crainte, la vérité, toutes les fois qu’elle peut se dire en temps convenable, quelles que soient les personnes devant qui le devoir lui fait une loi de parler. Celui donc qui a reçu du chœur mystique de la vérité elle-même la science de ce qui concerne Dieu ; qui, de plus, démontre avec la dignité que réclame la matière, et l’excellence de la vertu, et la nécessité dé tout ce qui se rattache au culte divin, puise l’élévation de son âme dans la prière, et s’unit par un lien intellectuel aux choses de l’intelligence et de l’esprit. De là vient qu’il est toujours bienveillant, plein de mansuétude, d’un abord facile, patient, affable, reconnaissant, ne recevant de sa conscience que d’honorables témoignages.

Le Gnostique s’arme encore d’une austère rigidité, non pas seulement pour échapper à la corruption, mais afin qu’on n’essaie pas même de le corrompre. Jamais il n’ouvre son âme ni à la