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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

que le plus grand nombre possible de fidèles parviennent à la connaissance, afin que Dieu soit glorifié dans la personne de ses élus, par le salut, qui est le fruit de la vérité, et que le Dieu, seul bon, seul sauveur, soit connu, par l’intermédiaire du Fils, de génération en génération. La foi par laquelle nous espérons obtenir l’objet de nos demandes est elle-même une sorte de prière intellectuellement déposée au fond du cœur. Du reste, si la prière est une occasion de converser avec Dieu, point de doute qu’il ne faille négliger aucune occasion de se rapprocher de Dieu. La sainteté du véritable Gnostique en harmonie avec la bienheureuse Providence manifeste, par la confession spontanée, la perfection du bienfait divin. Car la pureté du Gnostique et la bienveillance réciproque de Dieu pour son serviteur, sont les deux extrémités correspondantes du gouvernement providentiel. Dieu n’est pas bon malgré lui, comme le feu, qui possède, sans le vouloir, la vertu d’échauffer. Il dispense ses biens par un acte de sa volonté, même quand il prévient les demandes. D’autre part, l’élu n’est pas sauvé malgré lui, puisqu’il a reçu une âme qui peut choisir ; mais il marche au salut dans la direction qu’il a embrassée par une détermination spontanée. Telle est la raison pour laquelle les commandements ont été donnés à l’homme, créature qui se meut librement et par elle-même, afin qu’elle puisse se déterminer librement pour le bien ou pour le mal. Dieu ne fait donc pas le bien par une nécessité qui l’enchaîne : il exerce dans la plénitude de sa volonté sa munificence à l’égard de ceux qui se jettent volontairement entre ses bras. La Providence qui descend d’en haut jusqu’à nous n’est point une puissance aveugle, fatalement occupée à servir les créatures[1] en remontant

  1. Quelques Stoïciens, et Boëthe spécialement, qui appelaient Dieu le monde, refusaient une âme et une intelligence à leur Divinité. C’était, selon eux, un corps subtil qui parcourait l’univers en donnant la vie et le mouvement aux choses. Mens agitat molem. Sénèque dit lui-même, Questions naturelles : Sive animal est mundus, sive corpus naturâ gubernante, ut arbores, ut sata. Les mêmes philosophes éta-