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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

sagesse, de la vertu, de la puissance divine, est non-seulement de produire le bien (car telle est, pour le dire, une fois en passant, la nature de Dieu, comme celle du feu est de répandre la chaleur, et comme celle de la lumière est d’éclairer), c’est encore, et surtout, d’amener à quelque fin bonne et utile les inventions pernicieuses de certains esprits méchants, et de tirer un parti avantageux de ce qui paraît nuisible, comme, par exemple, de faire naître de la tentation et de l’épreuve l’occasion et le mérite du témoignage. Il y a donc aussi dans la philosophie qui a été dérobée comme par un autre Prométhée, quelques étincelles propres à donner la lumière, si on les ranime avec le soin convenable ; il y a, dis-je, dans la philosophie, quelques traces de sagesse, quelque mouvement imprimé par la main divine ; mais les philosophes grecs ont été des voleurs qui ont pris dans les prophètes hébreux, avant la venue du Seigneur, quelques parties de la vérité ; et qui, loin d’avouer le fait, se les sont attribuées comme des dogmes leur appartenant en propre ; ils ont altéré les uns, ils ont glissé sur d’autres avec leur misérable adresse sophistique, et ils en ont inventé plusieurs ; car ils eurent peut-être aussi l’esprit d’intelligence. Aristote est d’accord avec l’Écriture, puisqu’il nomme la sophistique l’art de voler la sagesse ; nous avons déjà fait connaître cette expression. L’apôtre dit : « Et ces dons, nous les annonçons, non avec les discours éloquents de la sagesse humaine, mais avec ceux que l’esprit enseigne ; » car Jean dit des prophètes : « Nous avons tous reçu de sa plénitude, » de la plénitude du Christ ; c’est pourquoi les prophètes ne sont pas des voleurs. « Et ma doctrine n’est point de moi, dit le Seigneur, mais de « mon Père qui m’a envoyé. » Il dit des voleurs : « Qui parle « de soi-même, cherche sa propre gloire. » Or, tels sont les Grecs, vains et glorieux. L’Écriture, en les appelant sages, fait la critique non des vrais sages, mais de ceux qui ne le sont pas et qui croient l’être.