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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

heures[1], honorées par autant de prières, est connue de ceux qui n’ignorent pas que les célestes demeures renferment trois degrés différents. Ici me reviennent à la mémoire certains hérétiques qui, attachés à l’opinion de Prodicus, proclamaient l’inutilité de la prière. De peur qu’ils ne viennent nous exalter leur sagesse impie comme une nouveauté dont ils seraient les inventeurs, apprenons aux sectaires qu’ils l’ont empruntée à l’école de Cyrène[2]. Nous repousserons en leur temps les blasphèmes de ces prétendus Gnostiques. Mêlée à ce commentaire, cette longue dissertation interromprait la démonstration présente, où nous établissons qu’il n’y a point d’autre fidèle et religieux adorateur de Dieu, que le Gnostique véritable, éclairé par la doctrine de l’Église, et que Dieu lui accorde à lui seul tout ce qu’il demande conformément à la volonté de Dieu, qu’il le sollicite par la parole ou par la pensée. Oui, Dieu peut tout ce qu’il veut. De même tout ce que demande le Gnostique, le Gnostique l’obtient. C’est que Dieu connaît jusqu’au fond de leur cœur quels sont les hommes dignes ou indignes de ses dons. De là vient qu’il accorde à chacun ce qui lui est expédient. Que les indignes le sollicitent ; sa main reste fermée : il se plaît, au contraire, à l’ouvrir pour tous ceux qui méritent ses largesses. Il les octroyera même sans qu’on les lui demande. Ne nous imaginons pas toutefois que la prière soit superflue.

L’action de grâces et la supplication pour tout ce qui se rattache à la conversion du prochain, sont encore dans les attributions du Gnostique. Aussi voyons-nous le Seigneur rendre grâces à son Père de ce que son ministère est accompli, et lui demander

  1. Connues dans l’Église sous le nom de tierce, sexte et none. Cette division remonte à la plus haute antiquité, comme l’attestent saint Clément d’Alexandrie, Tertullien, saint Cyprien, saint Jérôme, saint Basile, etc.
  2. Aristippe en était le chef. (Voyez Diogène Laërte, Vie d’Aristippe ; Cicéron, De la nature des dieux ; Sextus Empiricus, et Plutarque.)