Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/615

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
611
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

guant. Quelque soit enfin notre occupation, nous savons toujours la concilier avec la gloire de Dieu.

Le Gnostique toutefois se rapproche plus immédiatement de Dieu, en montrant dans chacune de ces actions la gravité et la gaîté. La gravité, parce qu’il se tourne vers Dieu, la gaîté parce qu’il regarde les présents de Dieu comme les biens de l’homme. Il semble que le prophète a voulu nous manifester, dans les mots qui suivent, l’éminente dignité de la connaissance. » Découvrez-moi quelle est la bonté, la sagesse et la science, » dit-il, glorifiant ainsi par cette gradation ce que la perfection a de plus relevé. Voilà l’homme vraiment royal ! voilà le saint pontife de la Divinité ! Au reste, les plus éclairés d’entre les Barbares[1] demeurent, même encore sous nos yeux, fidèles à la coutume de porter au trône les membres de la race sacerdotale. Ne demandez point à un pareil homme de livrer sa personne au tumulte de la multitude qui s’agite et règne dans les théâtres. Paroles, actions, spectacles, tout ce qui a pour but d’amorcer les passions, il n’y ouvre jamais son âme, pas même en songe. Éloignez de lui les voluptés qui séduisent les yeux ! Bannissez la foule des plaisirs qui flattent les autres sens ! qu’en ferait-il ? Il ne veut connaître ni les somptueux parfums qui charment l’odorat, ni les assaisonnements des mets ou les mille vins délicats dont l’arôme flatte le goût, ni ces guirlandes de fleurs diverses qui énervent l’âme par l’excitation des sens. Il rapporte constamment à Dieu le légitime usage de toutes choses, nourriture, boisson, parfums ; il en offre les prémices à celui qui a tout donné ; il lui rend de continuelles actions de grâces, et par ses dons et par ses biens, et par le Verbe intérieur dont

  1. Allusion à un passage du Politique de Platon. « En Égypte, dit le philosophe, le sacerdoce et la royauté sont inséparables. Quelque usurpateur de race étrangère vient-il à s’emparer du trône, il n’a pas plutôt pris les rênes de l’État, qu’on le contraint de se faire initier aux mystères, afin qu’il soit tout à la fois pontife et monarque. » Platon mentionne ensuite un grand nombre de cités grecques où il en était ainsi.