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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

et nous le proclamons, le feu sanctifie, non pas le corps, mais l’âme du pécheur. Nous n’appelons point de ce nom la flamme grossière qui consume et dévore, mais cette flamme intelligente qui pénètre l’âme quand elle passe à travers le feu.

CHAPITRE VII.
Quelle est la prière du véritable Gnostique, et comment Dieu l’exauce.

Il nous est enjoint d’honorer et d’adorer celui-là même que nous reconnaissons pour le Verbe, pour le Sauveur, pour le modérateur universel, et par lui, le Père, non point à des jours choisis, comme le pratiquent quelques-uns, mais assidûment pendant toute la durée de la vie, et par toutes les voies possibles. « Seigneur, je vous louerai sept fois le jour, » s’écrie avec le Psalmiste la race des Élus que justifie l’accomplissement du précepte. Voilà pourquoi le Gnostique ne loue pas Dieu dans une enceinte circonscrite, dans un temple privilégié, il l’honore pendant toute sa vie ; tous les lieux lui sont indifférents. Qu’il soit seul, qu’il se trouve au milieu d’hommes qui ont embrassé la même foi, n’importe, il adore Dieu, c’est-à-dire qu’il lui rend grâces de lui avoir fait connaître quelle est la vie véritable. Si la présence habituelle de l’homme de bien, par le respect et la vénération qu’il inspire, élève la pensée et le cœur de quiconque vit auprès de lui, comment le Chrétien, à qui Dieu est toujours présent par la connaissance, le plan de conduite, et l’action de grâces, ne deviendrait-il pas chaque jour meilleur qu’il n’était la veille dans toutes ses actions, dans toutes ses paroles, dans toutes ses affections ? Tel est celui qui croit fermement que Dieu est partout, et non que des lieux fixes et limités peuvent le renfermer, afin que s’estimant une fois loin de ses regards, il se plonge sans remords, la nuit comme le jour, dans l’intempérance et la volupté. Pour nous, la vie tout entière est un long jour de fête. Nous voyons Dieu partout : à la campagne, nous publions ses louanges en cultivant la terre ; sur la mer, nous chantons des hymnes en navi-