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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

sion des anneaux où s’attachent les ailes. Quiconque est doué de raison répudiera de pareilles idées. Les animaux qui respirent avec la dilatation périodique du poumon contre les parois de la poitrine, attirent l’air. Si vous donnez à Dieu des entrailles, des artères, des veines, et des organes divers, en quoi la divinité différera-t-elle de l’homme ? Mais la communauté de la respiration se trouve à proprement parler dans l’Église. Le sacrifice de l’Église, c’est la prière, qui est comme l’exhalaison des saintes âmes, pendant que la victime et l’âme du suppliant sont à découvert devant Dieu. Le vulgaire a dit qu’à Délos il y avait un temple consacré qui remontait à la plus haute antiquité. Jamais il ne fut souillé par le meurtre ni par le sang. Pythagore, s’il en faut croire son historien[1], fut le seul qui put en approcher. Et quand nous proclamons que l’âme du juste est la seule véritablement sainte, et que sa respiration naturelle est la prière, on refusera d’ajouter foi à nos paroles ! Les hommes ont imaginé, si je ne me trompe, l’usage des sacrifices pour avoir quelque prétexte de manger la chair des animaux : mais il était libre à qui le voulait d’adopter cet aliment sans qu’il fût besoin d’honorer ainsi les idoles. Les sacrifices que prescrivait la loi mosaïque n’étaient que la figure du culte chrétien. La tourterelle et la colombe, par exemple, qui sont offertes pour les péchés, signifiaient que la purification des parties irraisonnables de l’âme est agréable à Dieu. Que le juste ne veuille point charger son âme d’une chair qui a vécu ; il est guidé dans cette abstinence par des raisons d’une haute sagesse, qui n’ont rien de commun avec les rêveries de Pythagore et de ses disciples sur la transmigration des âmes. Xénocrate, en traitant spécialement de la chair des animaux appliquée à la nourriture de l’homme, et Polémon, dans son ouvrage De la vie conformément à la nature, déclarent, en termes formels que la chair est un aliment funeste, parce qu’elle a déjà reçu une élaboration

  1. Diogène, Laërte.