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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nous délivrer de l’ignorance, et de tout choix qui plait ; et avant tout, de ne pas céder à ces trompeuses chimères qui nous attirent. Or, le démon est appelé voleur, pour avoir mêlé de faux prophètes aux prophètes véritables, comme l’ivraie au froment. Ainsi donc tous ceux qui sont venus avant le Seigneur sont des voleurs ; mais quand on dit tous, on veut faire entendre tous les faux prophètes, et tous ceux qui n’ont pas reçu de mission spéciale du Seigneur. Les faux prophètes commirent aussi un vol qui leur est propre en se faisant appeler prophètes ; puisque, s’ils étaient prophètes, ils étaient les prophètes de l’imposteur ; car le Seigneur dit : « Le père dont vous êtes nés est le démon, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’a point persévéré dans la vérité ; car la vérité n’est point en lui. Quand il profère le mensonge, il dit ce qui lui est propre ; car il est menteur, et père du mensonge. » À leurs mensonges les faux prophètes mêlaient quelques mots de vérité ; et, lorsqu’ils prophétisaient, ils étaient réellement dans une sorte d’extase, comme les dignes ministres de l’apostat. Le pasteur aussi, l’ange de la pénitence, dit à Hermas, en parlant du faux prophète : « Il profère quelques mots de vérité ; car le démon le remplit de son esprit, pour qu’il puisse renverser quelque juste. » Tout, sans exception, tourne à bien entre les mains de la Providence, afin que la sagesse de Dieu, si merveilleuse dans la diversité de ses opérations, soit manifestée par son Église, selon le dessein éternel qu’il a accompli par le Christ ; car rien ne résiste à Dieu, rien ne peut tenir contre lui ; il est le Seigneur, il est le Tout-Puissant. Bien plus, les desseins et les œuvres des anges révoltés ne sont que des incidents particuliers qui naissent d’une disposition mauvaise, comme les maladies corporelles. Mais la Providence universelle les dirige vers une fin salutaire, bien que la Cause en soit corrompue ; c’est pourquoi le trait le plus caractéristique de la divine Providence est de ne pas permettre que le vice né d’une défection volontaire demeure entièrement inutile, ou soit nuisible en tout et pour tous. En effet, le propre de la