Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/605

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
601
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tempérant qui se gorge d’aliments et fait la débauche les jours de fête, attire les maladies. Bon nombre redoutent les inscriptions suspendues au front des édifices. De là ce mot piquant de Diogène. Il avait lu sur une maison habitée par un méchant : « Hercule, fameux par sa victoire, habite en ces lieux. Défense à rien de mauvais d’y entrer. — Et comment donc entrera le maître du céans, s’écria Diogène ? « Ces mêmes hommes qui adorent tout bois, toute pierre, humide des libations qu’elle reçoit[1], tremblent à l’aspect d’un flocon de laine roussâtre, devant un grumeau de sel, une torche, un peu de souffre, dès que les magiciens les ont enchantés par d’immondes expiations. Mais Dieu, qui est le Dieu véritable, ne connaît que la sainteté du juste et la scélératesse du méchant. Assurément on peut voir des œufs, qui ont été couvés, éclore, après les purifications auxquelles ils ont servi[2] ; mais cela n’arriverait pas, s’ils avaient contracté la souillure de la purification.

Le comique Diphile raille avec finesse les enchanteurs dans les vers suivants :

« Je purifie les filles de Prætus, Prætus leur père, fils d’Abas, et une vieille édentée pour cinquième personnage, avec une seule torche et un seul ognon marin. Quelle multitude pour de si minces ressources ! J’y joins un peu de souffre, un peu de bitume, et quelques gouttes d’eau puisées sur les rivages de la mer retentissante. Mais toi, bienheureux Jupiter, envoie-moi à travers les nuages quelques grains d’hellébore, afin que cet insecte se change pour moi en bourdon. »

Ménandre a dit aussi avec un grand fond de sagesse :

  1. Il y avait, dans l’antiquité, des pierres ou des troncs de bois placés à chaque carrefour, où les gens superstitieux venaient répandre des libations. On les appelait pierres grasses, liparoi lithoi. Théophraste, dans ses Caractères, nous représente le superstitieux à genoux devant ces bornes, qu’il arrose dévotement de ses parfums. La première élégie de Tibulle rappelle la même circonstance.
  2. On se servait d’œufs dans les purifications lustrales.