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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tion dans le repos de l’âme, accueillant ce qui lui est prescrit comme la chose qui lui convient le mieux, répudiant comme ennemi de sa nature tout ce qui traîne après soi la honte, se conduisant avec décence et pureté, au souvenir qu’il est pur et très-pur, étranger enfin à tout ce qui peut souiller l’âme. Il nage dans l’opulence, parce qu’il ne désire rien, n’ayant que des besoins peu nombreux, et parce qu’avec la connaissance il possède la plénitude des richesses. Le premier caractère de sa justice, c’est d’aimer ceux qui sont de même origine que lui, de vivre et de commercer avec eux, sur la terre aussi bien que dans le ciel. Voilà pourquoi il donne volontiers lorsqu’il possède ; humain et miséricordieux pour la personne, il hait d’une haine parfaite le méchant et le péché.

Il faut donc apprendre à être fidèle à soi-même et au prochain et à se conformer aux préceptes. On est le serviteur de Dieu quand on se soumet volontairement à la loi ; mais purifier son cœur, non plus en vertu du commandement, mais par amour pour la connaissance, voilà dans quelles conditions on devient l’ami de Dieu. Nous ne naissons point naturellement vertueux, et la vertu, quand nous sommes nés, ne se développe point en nous à la manière de nos organes, sans notre concours : s’il en allait ainsi, notre volonté et notre mérite n’y seraient pour rien. La vertu ne ressemble point non plus au langage que l’habitude et les événements forment de jour en jour ; ce mode de propagation est à peu près celui du vice. Il en est de même de la connaissance. Elle n’est le fruit d’aucun art, soit qu’il se propose le gain pour objet, soit qu’il ait pour but le soin du corps. Ne demandez pas non plus aux sciences libérales leur assistance. C’est les traiter magnifiquement, que de leur reconnaître la possibilité de préparer notre âme et d’en aiguiser l’intelligence. Sans doute les lois civiles peuvent réprimer les délits ; mais tous ces raisonnements, laborieusement combinés pour opérer la persuasion, s’arrêtent à la surface et ne produisent jamais la permanence inébranlable et scientifique de la vérité. Nous l’avons dit, la philosophie grecque est pour l’âme une purgation préliminaire et une intro-