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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Gnostique tel que nous le décrivons, consolidé dans tout ce qui est permanent et immuable.

Maître de lui-même et de ce qui relève de lui, affermi dans l’immuable compréhension de la science divine, le Gnostique s’approche de la vérité avec un cœur pur. En effet, la connaissance et la compréhension des objets perceptibles à l’intelligence peut être appelée justement la science immuable. Une de ses parties, celle qui s’occupe des choses divines, a pour fonction d’envisager quelle est la cause première, quel est le principe « par lequel tout a été fait et sans lequel rien n’a été fait ; » quelles sont les essences qui pénètrent et celles qui contiennent, celles qui s’unissent et celles qui se divisent, quels sont le rang, la vertu, le ministère de chacune d’elles dans les choses humaines ! elle se demande : qu’est-ce que l’homme ? quelle est la fin conforme ou contradictoire à sa nature ? Comment doit-il se gouverner ? comment faut-il qu’il souffre ? quels sont ses vertus et ses vices ? où sont les biens, les maux, les objets qui tiennent le milieu ? qu’est-ce que la prudence, le courage, la tempérance ? qu’est-ce que la justice, vertu qui surpasse toutes les autres ? La prudence et la justice servent au Gnostique à l’acquisition de la sagesse. Par le courage, non content de résister aux coups de l’adversité, il fait face au plaisir, à la convoitise, à la souffrance, à la colère, en un mot, à tout ce qui peut maîtriser l’âme par la violence ou par la séduction. Nous n’avons point à supporter uniquement le vice et le mal, mais encore tout ce qui peut inspirer la crainte. La douleur est un agent destiné à guérir, à instruire, à corriger : il réforme les mœurs au profit de l’homme.

Le courage a plusieurs nuances, telles que la tolérance, l’élévation de l’âme, la force du cœur, la libéralité, la magnificence. De là vient que le Gnostique ne s’affecte en rien de la censure du vulgaire, et ne se soumet ni aux opinions ni aux flatteries du dehors. S’agit-il de supporter la douleur et le travail ? soit qu’il accomplisse le devoir, soit qu’il oppose au malheur une constance inébranlable, c’est toujours véritablement un homme, quand les autres ne sont que des enfants. En outre, fidèle à la prudence, qui ne l’abandonne jamais, il vit avec modéra-