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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

reconnaître qu’il n’y a pas d’autre Dieu que le Dieu véritable, identique avec la vérité, la justice et la bonté.

Notre Gnostique est donc pieux : il prend soin de lui-même, ensuite du prochain, à l’amendement progressif duquel il concourt de toutes ses forces. Un fils n’est-il pas les délices d’un bon père, quand il travaille à devenir bon et semblable à son père ? j’en dis autant du sujet vis-à-vis du prince. Croire et obéir, sont deux choses en notre pouvoir. Qu’on ne vienne pas nous dire étourdiment que la perversité de la matière, les mouvements inconsidérés de l’ignorance, et les nécessités aveugles dans l’absence du savoir sont le principe du mal[1] ! Le Gnostique commence par vaincre au moyen de la discipline ces bêtes féroces. Après le triomphe, il fait du bien, dans la mesure de ses forces, à tous ceux qui donnent les mains à son assistance. Est-il revêtu de l’autorité ? nouveau Moïse, il marchera, pour le salut commun, à la tête du peuple qu’il a mission de conduire, et il adoucira les natures sauvages et infidèles, distribuant aux meilleurs et aux plus vertueux, des récompenses, aux méchants des supplices dans la mesure qu’avoue la raison pour l’amendement du coupable. L’âme du juste, en effet, est comme une image et une ressemblance de la Divinité. Disons-mieux. L’obéissance aux préceptes l’a convertie en un sanctuaire où vient habiter réellement le chef des mortels et des immortels, le roi et le créateur de tout ce qui est bon, la loi véritable, le précepte, le Verbe éternel, enfin l’unique sauveur de chacun en particulier et de tous en général. Oui, c’est le Fils unique, c’est la splendeur du monarque universel, la gloire du Père Tout-Puissant, qui imprime à son image, dans l’âme du Gnostique, la contemplation parfaite. Par là, le Gnostique devient une troisième image divine qui, autant que cela est possible, s’assimile à la cause seconde, à la vie véritable, par laquelle nous vivons de la vie réelle, en reproduisant nous-mêmes le

  1. Les Valentiniens croyaient, avec quelques philosophes de l’antiquité, que la matière était contemporaine de Dieu.