Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/595

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
591
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

grand Pontife, en s’assimilant au Seigneur autant qu’il le peut par les hommages d’une piété qui, en honorant Dieu, tend au salut des hommes par l’exercice du saint ministère, par la propagation de la doctrine, et enfin, par l’accomplissement des bonnes œuvres.

Ouvrage de lui-même, le Gnostique se fonde et s’édifie de ses propres mains. Il fait plus ; il orne de vertus les disciples qui l’écoutent, devenu semblable à Dieu ; c’est-à-dire que, vivant avec Dieu dans un commerce dont les passions humaines ne sauraient l’arracher, il assimile, dans la mesure de ses forces, à l’impassibilité par essence l’impassibilité qui est chez lui le fruit de la lutte et de l’exercice. La bénignité, la mansuétude, et une grande piété envers Dieu, sont, à mon avis, les règles de l’assimilation gnostique, « sacrifice d’excellente odeur, » puisque, selon l’Écriture, « un cœur sans orgueil » et la science véritable, sont l’holocauste chéri de Dieu, que lui offre tout homme qui s’élève à la sainteté, et s’illumine jusqu’à consommer cette union où l’œil ne peut plus rien discerner ! En effet, réduire son propre corps en captivité, mourir à soi-même, en tuant le vieil homme qui nous corrompt par les désirs, et en suscitant des antiques habitudes de la mort, l’homme nouveau, l’Évangile et l’apôtre nous l’ordonnent, après que nous avons déposé le fardeau du péché et les troubles de l’âme. C’était là ce qu’insinuait secrètement la loi quand elle enjoignait d’enlever le pécheur du milieu du peuple, et de le faire passer de la mort à la vie, c’est-à-dire, à l’impassibilité qui vient de la foi. Cette vérité ne fut point comprise par les docteurs de la loi. Ils en interprétèrent les prescriptions comme si elle avait pour but de susciter leurs rivalités et leurs débats : par là même ils fournirent des prétextes à ceux qui veulent la calomnier sans la connaître. Voilà pourquoi nous faisons sagement de ne point sacrifier à Dieu, auquel rien ne manque et qui a tout donné aux hommes. Mais nous glorifions celui qui s’est sacrifié pour nous, en nous sacrifiant nous-mêmes à l’être auquel rien ne manque, précisément parce qu’il a tout en abondance, à l’être