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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

qui concerne Dieu, soutenu par une indéfectible charité. Quant aux services que l’on rend aux hommes, les uns ont pour but leur amélioration, les autres, un ministère d’assistance et de soulagement. La médecine, par exemple, guérit le corps ; la philosophie réforme les âmes. Dans la seconde espèce, les enfants prêtent secours à leurs parents, les sujets aux princes et aux magistrats. Il en va de même dans l’Église. Les prêtres[1] sont les représentants du culte qui rend meilleur : les soins et l’assistance sont dévolus aux diacres. Les anges servent Dieu par ce double ministère dans le gouvernement des choses terrestres. Le Gnostique, lui aussi, sert Dieu et découvre aux hommes les sublimes spéculations par lesquelles ils peuvent devenir meilleurs, lorsqu’il est appelé à les enseigner et à les réformer. Point de piété, ni de respect pour Dieu ailleurs que dans le fidèle qui sert Dieu avec gloire et d’une manière irréprochable dans les choses d’ici-bas. De même que la meilleure de toutes les cultures est celle qui, profitable aux hommes par l’industrie et la science du laboureur, produit les moissons et les échanges du commerce ; de même la piété du Gnostique, concentrant en elle-même les fruits de ceux qui ont cru par son ministère, recueille de son habileté les plus riches de tous les trésors, lorsqu’elle conduit à la connaissance et au salut un grand nombre de ses frères. S’il est vrai que la théoprépie soit une disposition habituelle qui rend à Dieu le culte en harmonie avec sa majesté, le Chrétien qui l’adore ainsi est seul l’ami de Dieu. L’ami de Dieu, c’est l’homme instruit de ce qui convient, et qui sait, au point de vue de la théorie et de la pratique, de quelle vie doit vivre celui qui sera Dieu dans l’avenir, et dans le présent s’assimile à Dieu.

Par la même raison, le Gnostique aimera Dieu par-dessus tout. Honorer son père, c’est aimer son père : de même honorer Dieu, c’est aimer Dieu. La faculté gnostique nous paraît

  1. L’écrivain ecclésiastique comprend ici les évêques sous le nom de prêtres, quoique dans d’autres circonstances il ait distingué l’épiscopat, la prêtrise, le diaconat.