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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nos discours tirent de là leur force et leur vie ; et, fournis par les livres saints, ils en prennent l’esprit à défaut de la lettre. Il arrive souvent qu’une discussion trop exacte et hors de saison passe avec justice pour superflue : de même, ne pas donner un seul moment d’attention à ce qui est fondamental, attesterait non moins d’incurie que d’indigence. Mais ils sont vraiment « heureux, ceux qui interrogent les commandements du Seigneur et qui le cherchent de tout leur cœur. » Or, la loi et les prophètes rendent témoignage à notre Seigneur.

Notre dessein est donc de prouver que le Gnostique seul possède la sainteté, que seul il rend au Dieu véritable le culte qui convient à sa grandeur. De ce qu’il rend à Dieu le culte qui appartient à sa majesté, il suit infailliblement qu’il aime Dieu, qu’il est aimé de Dieu. Tout ce qui excelle, il le considère comme honorable à proportion de son excellence et de sa dignité. Parmi les objets sensibles, il se dit qu’il faut honorer le magistrat, ceux de qui on tient la vie, et en général tout vieillard. Parmi les doctrines, ses respects s’adressent à la philosophie la plus ancienne, et à la prophétie qui a l’antériorité. Parmi les choses qui ne sont perceptibles qu’à l’intelligence, il vénère avant tout l’être qui est le premier du côté de la génération, principe éternel, que les temps n’ont jamais vu commencer, et auquel commence tout ce qui est, je veux dire le Fils, de la bouche duquel il nous faut apprendre la cause qui a devancé toutes les autres. Quelle est-elle ? Le Père de tous les êtres, cause à la fois la plus ancienne et la plus bienfaisante, celle dont le langage humain ne peut transmettre le nom, mais qu’il faut adorer avec un profond silence, dans les anéantissements du respect et de l’admiration. Le mystère de son essence est énoncé par le Seigneur dans la mesure où peuvent le porter les disciples de la foi : il est conçu par ceux que le Seigneur a prédestinés à la connaissance et « dont l’intelligence est exercée à comprendre, » selon le langage de l’apôtre. Le culte, rendu à Dieu par le Gnostique, consiste donc dans le soin assidu de son âme, et sa constante occupation du tout ce