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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

coup plus loin, en portant l’Évangile au-delà de vous. » Son dessein n’est pas de désigner ici l’extension ultérieure de son apostolat, par rapport au lieu, puisque la foi, dit-il, abondait en Achaïe. Il y a mieux ; les Actes des apôtres nous le montrent annonçant le Verbe à Athènes. Paul nous apprend par là que la connaissance, qui est la perfection de la foi, va plus loin que la catéchèse, conformément à la majesté de la sainte doctrine et à la règle de L’Église. Voilà pourquoi il ajoute un peu, plus bas : « Si je suis grossier et peu instruit pour la parole, il n’en est pas de même pour la science. »

Au reste, vous autres Grecs qui possédez, dites-vous, la vérité, parlez ; de qui vous glorifiez-vous de l’avoir apprise ? Que Dieu ait été votre maître, vous n’oseriez le répondre. Nous la tenons des hommes, vous écriez-vous ? S’il en va ainsi, ou vous l’avez apprise bien tardivement de vous-mêmes, comme quelques-uns d’entre vous le proclament orgueilleusement, ou bien vous l’avez apprise de vos semblables. Mais ignorez-vous donc que personne n’est digne de foi quand il parle de Dieu en son propre nom ? Le moyen que l’homme argumente convenablement sur Dieu, la faiblesse et la mort sur l’être incorruptible, éternel ; la créature sur le Créateur ! Ce n’est pas tout. Quand l’homme ne peut pas même bégayer la vérité sur sa propre nature, faudra-t-il souscrire à ses prétentions d’expliquer Dieu ? Autant l’homme, en effet, s’abaisse au-dessous de la puissance divine, autant son langage est faible, lors même que, sans vouloir s’élever jusqu’à la personne de Dieu, il parle de Dieu et de son Verbe divin. Telle est l’impuissance naturelle de nos discours qu’elle ne saurait énoncer Dieu. Il ne s’agit pas ici de proférer son nom, qui est sur les lèvres de tous les philosophes et même de tous les poètes, encore moins d’approfondir son essence, cela est impossible ; mais décrire les attributs et les merveilles de Dieu, nous ne le pouvons pas. Ceux-là même qui se proclament instruits par Dieu parviennent difficilement à la notion de Dieu, soutenus par la grâce qui développe en eux une connaissance bien faible encore, quoique accoutumés à