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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

L’intermédiaire entre la créature et le Père, c’est le Fils qui, à cause de cela, dit l’apôtre, « est le sauveur de tous les hommes, mais surtout des fidèles. » Mais il y a quelque chose de plus saisissable et de plus rapproché, je veux parler des commandements et des instructions laissées par celui que des rapports immédiats unissent à la cause première.

CHAPITRE XVIII.
Le Gnostique ne touche qu’en passant, et comme pour se délasser, à la philosophie grecque. Il se hâte d’arriver à la doctrine chrétienne, source de toute sagesse.

Notre Gnostique est constamment occupé de l’étude principale. Mais a-t-il quelque loisir ? ou bien est-il contraint de reposer son esprit de ces hautes investigations ? Il touche, en guise de délassement, à la philosophie grecque comme à une de ces délicates superfluités que l’on apporte à la table du banquet, non pas qu’il ait négligé les aliments plus substantiels, mais parce qu’il a reçu toute la part qui lui convient, et cela, pour les raisons énoncées plus haut. Les imprudents qui ont convoité dans la philosophie au-delà du nécessaire, et s’abandonnent aux sophismes et aux vaines disputes, s’écartent de ce qui est nécessaire, prédominant ; insensés qui poursuivent l’ombre de la raison ! Sans doute il est bon de tout savoir ; mais l’esprit, trop faible pour porter le lourd fardeau de ces doctrines, ne s’arrêtera qu’à celles qui sont importantes et préférables. La science réelle, apanage exclusif du Gnostique, comme nous le disons, est une compréhension inébranlable qui conduit, par des raisons véritables et irrésistibles, à la connaissance du premier principe. Avoir sur un point la science de ce qui est vrai, quelque soit ce point, c’est avoir sur le même point la science de ce qui est faux. J’approuve donc cette thèse ; Faut-il philosopher, quand même il ne faudrait pas philosopher sans un examen préalable, impossible de porter un jugement qui approuve ou condamne ? La philosophie est donc nécessaire.