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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

bénédiction par excellence, en nous mettant sous les yeux Jésus[1], qui est le Verbe.

Le cinquième précepte qui vient après, dans le Décalogue, a pour but l’honneur que nous devons à notre père et à notre mère. Il proclame ouvertement que Dieu est notre père et notre Seigneur ; de là le titre de fils et de dieux donné à ceux qui l’ont reconnu. Notre père, notre Seigneur, c’est donc le créateur de toutes choses. Mais quelle sera notre mère ? La chercherons-nous avec quelques-uns dans la substance dont nous avons été engendrés ? ou bien sera-ce l’Église, comme le veut plus d’un commentateur ? Nullement. Notre mère, « la mère des justes, » selon le langage de Salomon, c’est la divine connaissance, la sagesse, qu’il faut choisir pour elle-même. D’ailleurs la connaissance de tout ce qui est beau, de tout ce qui est honorable nous vient de Dieu par le Fils. Suit le précepte qui défend l’adultère. On est coupable d’adultère, lorsque, transfuge de l’Église, de la véritable connaissance, et de la foi à l’existence d’un Dieu, on se jette dans des opinions condamnables ; ou bien quand on érige en Dieu quelque créature, ou bien encore quand on taille en forme de simulacre ce qui n’est pas, franchissant ainsi la limite de la connaissance, je me trompe, déserteur de la connaissance. Les opinions erronées sont aussi étrangères au Gnostique que les opinions véritables lui sont habituelles et comme inhérentes. Voilà pourquoi l’illustre apôtre appelle l’idolâtrie une sorte de fornication, d’accord avec le prophète, qui dit : « Il s’est prostitué au bois et à la pierre. — Il a dit au bois : « tu es mon père ; et à la pierre : tu m’as engendré. »

Vient ensuite le précepte qui défend le meurtre. Le meurtre est une suppression fermement arrêtée. Supprimer, au sujet de Dieu et de son éternité, la doctrine véritable pour y substituer

  1. L'iôta est tout à la fois la première initiale du nom de Jésus, et le signe représentatif de 10 dans la numération grecque. On retrouve souvent chez les écrivains de l’antiquité religieuse le chiffre 10 pris pour le type figuratif de Jésus-Christ.