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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

que « l’homme a été fait à l’image de Dieu ? » Il ne s’agit pas, dans cette occurence, de son organisation extérieure. Cette parole signifie qu’à l’exemple de Dieu, qui procède en toutes choses avec la raison de son Verbe, le véritable Gnostique accomplit des œuvres qui tirent leur bonté de la raison par laquelle il est toujours conduit. Les deux tables de la loi, on l’a insinué avec vérité, sont donc le symbole des préceptes qui, donnés aux deux esprits, à celui qui est créé, comme à celui qui gouverne, devancèrent la loi. Ils désignent, en outre, les impulsions de nos sens qui se divisent en deux espèces, selon qu’elles gravent leur empreinte dans notre esprit, ou qu’elles procèdent de l’opération du corps ; double voie pour saisir les objets. Les sens s’appliquent au monde de la matière, l’intelligence au monde de la pensée. Quant aux actions, elles sont aussi de deux sortes ; ici elles naissent de la réflexion, là d’un mouvement physique.

Le premier précepte du Décalogue nous met sous les yeux un Dieu unique, tout-puissant, qui tira de l’Égypte le peuple élu, pour le conduire à travers les solitudes dans l’héritage de ses pères. Par le second[1], le Créateur veut que les Hébreux, à l’aspect de ces divines merveilles, comprennent, autant qu’il est en eux, la grandeur de sa puissance ; il veut encore que, mettant leur espérance dans le vrai Dieu, ils n’adressent point un hommage idolâtrique à la créature. La majesté de l’Éternel, vraiment digne de tes respects, et qui n’est autre chose que son nom — la multitude ne pouvait alors en connaître davantage — tu ne la prendras point en vain, pour appliquer cette dénomination auguste aux objets créés et périssables, que la main des hommes a forgés, et sans lesquels ne se trouve pas celui qui est : car, dans l’identité incréée, celui qui est existe seul ; tel est le sens du troisième commandement. Le quatrième

  1. Nous ayons suivi les légères corrections proposées par Potter, afin de mettre saint Clément d’Alexandrie d’accord avec lui-même et avec le Juif Philon, dont il suit d’ordinaire les traces pour ce qui concerne la loi ancienne.