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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

et lui imprime sa forme et son caractère, complète le nombre dix. Ajoutez que la loi semble imposer ses prescriptions aux dix éléments qui composent l’homme, à la vue, à l’ouïe, à l’odorat, au tact, au goût, et aux organes qui vont par deux et sont les ministres des précédents, à savoir les pieds et les mains. Voilà pour la formation de l’homme. L’âme y est introduite, et, avant l’âme, le principe dirigeant par lequel nous raisonnons, et qui ne doit pas son origine à l’émission de la semence, de sorte que, sans même le compter, on obtient les dix facultés par lesquelles s’exécute l’universalité de nos actes. En suivant l’ordre de ces phénomènes, l’homme, en effet, aussitôt qu’il est né, débute dans la vie par tout ce qui est soumis aux passions. Or, nous tenons la faculté de raisonner, qui domine toutes les autres, pour la cause constituante de l’animal : il y a mieux, nous disons que la partie irraisonnable est animée, et en est une portion. Le principe vital, dans lequel est renfermée la vertu d’accroissement, et, pour le dire en général, de tout mouvement, est échu à l’esprit charnel qui est doué d’une mobilité prodigieuse, qui se porte en tous lieux par les sens et le reste du corps, et s’affecte le premier par le corps. Mais la faculté dominante possède la liberté au fond de laquelle sont l’examen, la règle, la connaissance. Ô merveille ! tout est ordonné par rapport à une seule faculté dominante pour laquelle l’homme vit, et vit d’une certaine façon. C’est donc par l’esprit corporel que l’homme sent, désire, se réjouit, s’irrite, se nourrit, se développe ; par lui qu’il agit conformément à ce que la réflexion a conçu et déterminé. Quand les passions sont vaincues, la faculté dominante triomphe. Ainsi ce précepte : « Tu ne désireras point, » ne signifie pas autre chose, sinon : Au lieu d’obéir en esclave à l’esprit charnel, tu lui commanderas en maître, parce que, d’une part, « la chair s’élève contre l’esprit, » rebelle toujours prête à se jeter dans la honte et les excès contraires à sa nature ; et que, de l’autre, l’empire a été donné « à l’esprit pour gouverner la chair, » afin que l’homme agisse dans tout le cours de sa vie conformément à sa nature. Les livres saints n’ont-ils pas raison quand ils nous disent