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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE XVI.
Le Décalogue pris pour exemple d’interprétation mystique.

Le décalogue va devenir en passant un exemple de cette interprétation mystique ; que le nombre dix soit sacré, j’estime superflu de le dire, pour le moment. S’il est vrai que les tables écrites soient l’ouvrage de Dieu, nul doute qu’elles ne désignent la création de l’univers. Par le doigt de Dieu, on entend la puissance qui forma le ciel et la terre ; les tables de la loi seront le symbole de l’un et de l’autre. En effet, les caractères tracés par Dieu sur la table qui les reçoit représentent la création du monde. Or le Décalogue, par une sorte d’image du ciel, renferme le soleil et la lune, les astres et les nuages, la lumière, le vent, l’eau, l’air, les ténèbres, le feu. Voilà le Décalogue naturel du ciel. L’image de la terre renferme les hommes, les bestiaux, les reptiles et les animaux ; parmi ceux qui fendent les eaux, les poissons et les cétacées ; parmi les oiseaux, ceux qui sont carnivores et ceux qui ne le sont pas ; parmi les plantes, celles qui sont fécondes et celles qui sont stériles. Voilà le décalogue naturel de la terre. Quant à l’arche, qui contenait les tables de la loi, ce sera la sagesse et la connaissance des choses divines et humaines. Peut-être aussi que les deux tables sont la promulgation des deux Testaments. Elles ont été mystiquement renouvelées, quand l’ignorance et le péché débordèrent à la fois. Les préceptes, à ce qu’il semble, sont écrits deux fois pour les deux esprits, l’un qui commande, l’autre qui obéit, « puisque la chair s’élève contre l’esprit, et l’esprit contre la chair. »

Le nombre dix se retrouve aussi dans l’homme : il a cinq sens, il parle, il se reproduit ; au huitième rang se place le souffle vital qui anima son corps dès sa formation ; l’âme à laquelle appartient l’empire arrive la neuvième ; enfin la vertu de l’Esprit saint qui vient se reposer dans l’homme par la foi