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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

La langue hébraïque, elle aussi, possède quelques propriétés particulières, semblable sur ce point à tous les idiomes en général, et riche en locutions caractéristiques qui sont comme le cachet de la nation. On définit[1] une langue une manière de s’exprimer qui se moule sur le caractère du peuple. La prophétie n’a rien qui ressemble aux combinaisons de ces dialectes. Chez les Grecs, les expressions figurées se voilent à dessein, pour mieux imiter celles de nos prophéties. C’est, en vers comme en prose, une déviation volontaire du sens naturel ; car le trope n’est qu’une manière de détourner le mot de son acception propre pour l’appliquer à un sens figuré, dans l’intérêt de la composition, et pour donner aux différentes parties du discours plus de grâce et de mouvement. Mais jamais la prophétie ne recourt aux figures dans le but d’orner le langage. Comme elle sait que tous ne peuvent porter la vérité, elle se cache sous mille formes diverses et ne fait briller la lumière que pour les fidèles, initiés à la connaissance et conduits à la vérité par l’amour. La philosophie barbare a différentes espèces de prophéties, le proverbe, la parabole, l’énigme. Elle distingue la sagesse comme quelque chose qui diffère de la discipline, puis les paroles de la prudence, les subtilités du langage, la véritable justice, puis encore la science de diriger le jugement, la ruse que la discipline apprend aux simples, le sens et l’intelligence, qui est communiquée au néophyte par les catéchèses. « Le sage, en écoutant ces prophètes, est-il dit, deviendra plus sage, et l’homme prudent apprendra l’art de gouverner. Il pénétrera les paraboles et leurs secrets, les discours des sages, et leurs mystères. » S’il est vrai qu’Hellène, fils de Jupiter, selon les uns, de Deucalion, selon les autres, donna son nom aux langues helléniques, c’est-à-dire grecques, la chronologie que nous avons exposée plus haut, peut servir aisément à démontrer de combien de générations la langue hébraïque est antérieure aux dialectes de la Grèce.

  1. Corinthus, de dialectis.