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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

des oreilles ! Dans cette chair qu’a revêtue notre Seigneur et qui a enduré la passion, vous reconnaîtrez aisément la Sagesse et la Vertu de Dieu. Enfin, la forme allégorique remontant à une haute antiquité, comme nous l’avons démontré, il ne faut pas s’étonner qu’on la retrouve fréquemment chez les prophètes. L’Esprit saint se proposait par là de convaincre les philosophes de la Grèce et les sages des autres nations barbares, qu’ils avaient ignoré le futur avènement de notre Seigneur et la doctrine mystérieuse qu’il devait apporter ici-bas. C’est donc à bon droit que la prophétie où était proclamé notre Seigneur, de peur de passer aux yeux de quelques-uns pour blasphématoire, parce qu’elle contredisait les opinions communes, enveloppa la signification réelle sous des expressions qui pouvaient éveiller dans les âmes des conceptions d’une nature différente. De plus, tous les prophètes qui ont prédit l’avènement du Seigneur, et avec cet avènement les mystères qui en étaient la conséquence, endurèrent la persécution et furent mis à mort comme le Seigneur qui leur manifesta les Écritures. Ses disciples eux-mêmes, qui répandirent par le monde sa parole aussitôt qu’il eut quitté la vie, usèrent, à son exemple, de la parabole. Écoutons Pierre parlant des apôtres dans sa prédication : « Après avoir parcouru les livres que nous ont laissés les prophètes, où Jésus-Christ est nommé tantôt en paraboles, tantôt en énigmes, tantôt sous des termes formels et incontestables, nous y avons trouvé son avènement, sa croix, sa mort, tous les supplices dont les Juifs l’ont accablé, la résurrection et son ascension au ciel, avant la fondation de la nouvelle Jérusalem, ainsi qu’il est écrit[1]. » Voilà par quelles tribulations il devait nécessairement passer ; voilà ce qui doit arriver après lui. « Cet examen fait, nous avons cru en Dieu d’après ce que portent les Écritures à son sujet. » Puis, il ajoute un peu plus bas que les livres saints sont l’œuvre de la divine providence : «  Nous savions, dit il, que Dieu les avait réellement ordonnés, et nous n’avançons pas un mot qui ne s’appuie sur l’Écriture. »

  1. Apocryphe.