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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tions, et vulgaire par là même, elle est au-dessous de la sainteté, qui est la justice de Dieu. Voyez l’homme parfait. Il n’attend pas que les règlements civils, ou les prohibitions de la loi le contraignent à la justice : il s’y porte d’un mouvement spontané, et par amour pour Dieu. Les Écritures voilent donc le sens de leurs oracles pour bien des motifs. Elles veulent d’abord que nous examinions scrupuleusement, et que nous tenions constamment notre esprit éveillé pour l’intelligence de la sainte doctrine. Ensuite il n’était pas expédient à tous les hommes de comprendre. Les paroles de l’Esprit saint, destinées au salut, pouvaient se retourner contre les profanateurs qui les accueilleraient avec de coupables dispositions. Voilà pourquoi les saints mystères des prophéties, réservés pour les Élus et pour ceux que leur foi a prédestinés à la connaissance, sont enveloppés de paraboles ; car le style des Écritures est tout parabolique. De là vint que le Seigneur, quoiqu’il ne fût pas de ce monde, conversa au milieu des hommes comme s’il eût été de ce monde. Il fut le modèle vivant de toutes les vertus. L’homme nourri dans ce monde, il l’éleva vers les objets invisibles, essentiels, transportant ainsi le monde dans un autre monde. Nouvelle raison pour les Écritures de recourir à la parabole. Cette forme de langage, qui n’indique pas l’objet lui-même, mais le montre à travers un léger déguisement, conduit l’intelligence au sens propre et véritable ; ou, si l’on veut, la parabole est une manière de parler qui nomme sous d’autres mots le mot propre, dans l’intérêt de notre instruction.

Ne voyons-nous pas, en effet, la divine économie de l’Incarnation prédite par les prophètes, demeurer à l’état de simple allégorie pour ceux qui ne connaissent pas la vérité ? Que le Fils du Dieu, qui a créé toutes choses, ait revêtu notre chair ; qu’il ait été conçu dans le sein d’une vierge en tant qu’il a pris un corps sensible ; que, par suite de sa naissance charnelle, il ait souffert, et qu’il ait ressuscité, mystère que nomme celui-ci, que comprennent ceux-là ; « scandale pour les Juifs, folie pour les Gentils, » selon le langage de l’apôtre ! Mais soulevez le voile des Écritures ! Qu’elles montrent la vérité à ceux qui ont