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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

monstratif que le Fils de Dieu lui-même est notre Sauveur ? Demandez-le aux prophéties qui ont promulgué son avènement bien des siècles avant qu’il s’accomplit ; demandez-le aux témoignages qui attestent sa présence sensible parmi nous ; demandez-le enfin à sa puissance, qui est proclamée solennellement depuis son ascension et que l’on peut toucher du doigt, tant elle est visible !

Que la vérité soit parmi nous, en faut-il d’autre preuve que celle-ci : le Fils de Dieu lui-même nous a parlé ? En effet, si au fond de toute question vous retrouvez universellement ces deux circonstances, la personne et la chose, il est avéré par là même que la vérité, et ce qui mérite réellement ce nom, n’habite qu’au milieu de nous. La personne ! c’est le Fils de Dieu lui-même ; qu’est-ce à dire ? l’éternelle vérité qui se révèle à nous. La chose ! c’est la vertu de la foi qui triomphe des résistances, et vaincrait le monde, eût-elle le monde tout entier à combattre. Mais puisque, d’une part, les actions, le langage et la raison se sont accordés dans tous les temps à flétrir l’impiété du misérable qui nie la Providence, et à le châtier au lieu de le réfuter ; puisque, d’autre part, il nous a été montré, là, ce qu’il faut faire et comment il faut vivre pour arriver à la connaissance du Tout Puissant ; ici, par quelle manière d’honorer Dieu nous devenons à nous-mêmes les artisans de notre salut, instruits d’ailleurs de ce qui est agréable à notre maître, non pas à l’école des sophistes, mais par la bouche, de Dieu lui-même, nous Chrétiens, nous travaillons à marcher dans les voies de la justice et de la sainteté. Ce qui lui est agréable, c’est que nous soyons sauvés : or, le salut est le fruit des bonnes œuvres et de la connaissance qui nous sont enseignées toutes deux par notre Seigneur. S’il est vrai de dire avec Platon que, hormis Dieu, ou les descendants des dieux, personne ne peut révéler la vérité, nous sommes en droit de nous écrier avec un noble orgueil : « Nous possédons la vérité par le Fils de Dieu. Les oracles, promulgués avant les événements et confirmés depuis par les événements, sont nos pièces de conviction. »

Toutefois il faut nous garder de rejeter avec dédain les mé-