Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/548

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
544
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

de la terre. Or, les plantes, quelles qu’elles soient, ne germent que par les ordres de Dieu. Telle est la raison pour laquelle l’olivier, tout sauvage qu’il est, couronne les vainqueurs des Jeux olympiques. L’orme aussi, soulevant dans les airs la faiblesse de la vigne, ne lui apprend-il point à être féconde ? Les arbres sauvages, on le remarque, attirent à eux une plus grande quantité de nourriture, parce qu’ils ne peuvent se l’assimiler. Les plantes sauvages absorbent donc moins d’aliment que les plantes cultivées, et l’âpreté de leur nature n’a pas d’autre cause que la privation de la faculté absorbante. L’olivier franc, enté sur l’olivier sauvage, reçoit donc par-là même plus de nourriture ; il s’accoutume à l’absorber en s’assimilant aux sucs de l’arbre cultivé. Eh bien ! l’olivier sauvage est le philosophe de la Gentilité qui renferme en lui-même beaucoup d’aliments mal digérés, et parce qu’il est avide d’investigations, et parce qu’il atteint facilement le but par ses méthodes, et parce qu’il a soif des sucs de la vérité. Mais que la vertu divine vienne habiter en lui par la foi, alors accru de la bonne et savoureuse connaissance, l’olivier sauvage, dans lequel a été implanté le Verbe magnifique et miséricordieux, absorbe aussitôt la nourriture qui lui est offerte et se transforme en olivier de la nature la plus heureuse. C’est qu’en effet la greffe fait d’un arbre inutile un arbre généreux, d’un arbre infécond un arbre fertile. Ô industrie de l’agriculture ! ô merveille de la connaissance !

Il y a, dit-on, quatre manières différentes d’enter. Par la première méthode, on introduit la greffe entre le bois et l’écorce : ainsi sont catéchisés les infidèles dont l’esprit n’a point de culture, et qui ne reçoivent le Verbe qu’à la surface. Dans le second système, on fend la tige pour introduire dans l’incision un plant généreux. C’est ce qui arrive à ceux qui se sont adonnés à la philosophie. Après avoir entrouvert leurs dogmes, nous y implantons la connaissance de la vérité, de même que par l’ouverture des anciens livres sacrés, une branche d’olivier nouvelle et généreuse est entée sur le tronc hébreu. La troisième méthode s’applique aux sauvages et aux hérétiques que la force entraîne vers la vérité. Ici, le fer à la main, l’agriculteur dé-