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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

maintient l’âme dans un état de sainteté vis-à-vis de Dieu, de justice à l’égard des hommes, en nourrissant sa pureté de pensées honnêtes, de chastes paroles, et de bonnes œuvres. Ainsi revêtue de la force du Seigneur, l’âme, tout entière à la méditation de Dieu, ne reconnaît plus d’autre mal que l’ignorance, et les actes qui n’ont pas la saine raison pour mobile, rendant grâces à Dieu toujours et en toutes choses, soit en écoutant les paroles de justice, soit en lisant les divins préceptes, soit en recherchant la vérité, soit en offrant la sainte oblation, soit en vaquant à la prière. Que dirai-je enfin ? Elle se répand en louanges, en hymnes, en bénédictions, en chants d’allégresse. Une âme dans ces dispositions n’est jamais séparée un moment de son Dieu. C’est donc avec une profonde sagesse qu’il a été dit : « Et ceux qui se confient en lui comprendront la vérité, et les fidèles lui obéiront avec amour. » Vous l’entendez ; ainsi s’exprime la sagesse au sujet des véritables Gnostiques.

Le ciel a donc différentes demeures qui correspondent aux mérites particuliers de chaque fidèle. « Un don choisi sera la récompense de sa foi, nous dit Salomon, et il obtiendra une place plus brillante dans la maison du Seigneur. » Plus brillante ! ce comparatif montre qu’il y a dans le temple de Dieu, qui n’est autre que l’Église universelle, des tabernacles inférieurs, et porte en même temps la pensée vers les pavillons les plus relevés où réside la majesté divine. Les nombres 30, 60, et 100, qui se trouvent dans l’Évangile, désignent indirectement ces trois espèces de demeures. L’héritage parfait est le partage de ceux qui, à l’image du Seigneur, sont parvenus à la perfection. Que cette ressemblance consiste dans la forme extérieure de l’homme, ainsi que l’ont imaginé plusieurs, il serait impie de l’envisager de cette manière. Elle n’est pas non plus une assimilation complète avec la puissance qui est l’attribut de la cause première ; c’est là l’opinion sacrilége de ceux qui se sont mis à rêver que la vertu de l’homme et celle du Tout-Puissant était la même. « Impie, s’écrie le Seigneur, tu as pensé que je suis semblable