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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

les œuvres à la foi. Car, cette parole, le Sauveur l’adressait aux Juifs seuls qui étaient en possession de la loi ; dont la vie était irréprochable et auxquels rien ne manquait, sinon de croire au Seigneur. L’intempérance exclut donc la foi. Il ne suffira pas au fidèle de sortir de la chair : il faudra nécessairement qu’il dépose le fardeau des vices et des passions avant de pouvoir parvenir à la demeure qui lui est assignée. Mais connaître est plus que croire, de même aussi qu’être jugé digne de recevoir, en outre du salut, les plus grands honneurs que Dieu réserve aux justes, est supérieur au salut lui-même. Lors donc que notre fidèle est arrivé par un long exercice à se dépouiller des infirmités de l’âme, il passe dans un séjour plus heureux que celui où il résidait tout à l’heure, brisé par la douleur, expiant dans la pénitence les fautes qu’il a commises depuis son baptême. Il se punit avec rigueur, soit de n’avoir pas encore atteint, soit de ne pouvoir jamais atteindre le haut degré de gloire auquel il aspire et où d’autres sont déjà parvenus. Ses péchés le couvrent de honte et d’humiliation : il n’éprouve pas de supplice plus cruel ; car la justice de Dieu est pleine de miséricorde, et sa miséricorde pleine de justice. Ce n’est pas tout ; après que chacun aura subi la peine de ses transgressions, et que les supplices auront cessé[1], les serviteurs qui n’auront été jugés dignes que d’un tabernacle inférieur, conserveront une douleur inconsolable de ne pouvoir partager la splendeur de leurs frères que Dieu a glorifiés à cause de leur justice.

Salomon, désignant le véritable Gnostique sous la dénomination de sage, s’exprime en ces termes au sujet de ceux qui contemplent avec admiration la dignité dont le Chrétien parfait a été revêtu : « Ils verront la fin du sage et ils ne comprendront pas ce que Dieu a décrété sur lui, et à quoi il l’a destiné ; » et ils diront de sa gloire : « Le voilà, celui que nous avions en mépris et qui était l’objet de nos outrages. Insensés que nous étions ! nous avons estimé sa vie une démence

  1. Le docteur Lowth, Potter et autres, entendent par ce passage les peines du purgatoire.