Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/541

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
537
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

prêtrise, et grandissant toujours jusqu’à ce qu’ils soient parvenus à la plus haute perfection.

CHAPITRE XIV.
Une demeure est assignée dans le ciel, selon le mérite de chacun, à ceux qui aiment la vérité et qui font le bien.

Les fidèles qui sont parvenus à ce bienheureux état « reposeront, suivant le langage de David, sur la montagne sainte de Dieu, » c’est-à-dire, dans l’Église céleste où sont rassemblés les philosophes de Dieu, « les véritables Israélites qui ont le cœur pur et chez lesquels il n’est point de déguisement ; ceux qui, au lieu de s’arrêter dans le repos du septénaire[1], devenus semblables à Dieu par l’accomplissement des bonnes œuvres, montèrent jusqu’à l’octonaire, héritage promis à la vertu agissante, tabernacle où ils contemplent sans voile, avec le regard de l’esprit, le divin spectacle dont on ne peut se rassasier. « Et j’ai d’autres brebis, dit le Seigneur, qui ne sont point de cette bergerie, » ce qui signifie que d’après la mesure de leur foi elles ont été jugées dignes d’un autre bercail et d’une autre demeure. « Mes brebis entendent ma voix ; » c’est-à-dire, comprennent le sens intime de mes préceptes, et dans une interprétation magnifique et pleine de dignité, connaissent le dogme de la rémunération et aperçoivent les rapports mutuels qui enchaînent les œuvres les unes aux autres. Lors donc que nous lisons dans l’Évangile : « Votre foi vous a sauvé, » nous ne supposons pas que le Sauveur ait voulu dire d’une manière absolue que tous ceux qui croiront, n’importe comment, seront sauvés. Nous savons qu’il faut joindre

  1. Saint Clément nomme allégoriquement hebdomas, sept, l’action de nous reposer du mal ; et ogdoas, huit, l’effort par lequel nous nous élevons jusqu’aux bonnes œuvres. Comparez ce passage avec un autre qui lui correspond, livre IV des Stromates. Quoique les mots septénaire et octonaire ne soient pas français, nous les avons hasardés dans notre traduction, afin de mieux entrer dans l’esprit du texte.