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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Dieu véritable, père tendre, incessamment occupé à faire du bien, tels sont les motifs pour lesquels il demeure éternellement dans le même état de bonté. À quoi servirait une bonté oisive, qui ne se manifesterait point par des actes de bonté ?

CHAPITRE XIII.
Il y a dans le ciel de hauts degrés de gloire réservés aux véritables Gnostiques et correspondant aux dignités d’évêque, de prêtre et de diacre dans l’Église terrestre.

L’homme qui, après avoir modéré d’abord ses passions, s’est ensuite exercé à l’impassibilité, puis est monté progressivement jusqu’à la pratique du bien qui constitue la perfection gnostique, devient sur la terre semblable aux anges. Revêtu de lumière et resplendissant comme le soleil par les actes de bonté qu’il produit, il marche par la connaissance qui s’appuie sur la justice et la charité, vers la sainte demeure, à l’exemple des apôtres. Ces derniers n’ont pas été investis de l’apostolat par un privilége inhérent à l’excellence de leur nature[1], ni par un droit d’élection antérieure ; car Judas fut choisi comme eux. Mais ils méritèrent l’apostolat aux yeux de celui qui connaît d’avance la fin de toutes choses. Aussi voyons-nous Mathias, qui n’avait pas été choisi dans le même temps qu’eux, substitué à Judas, parce qu’il s’était montré digne de cette mission. Il est donc permis, de nos jours encore, à ceux qui se sont exercés dans la pratique des commandements, et qui ont vécu dans la perfection et dans la connaissance, conformément à l’Évangile, d’entrer dans le collége des apôtres[2]. On est véritablement

  1. Allusion aux hérétiques dont il a réfuté plus haut les prétentions.
  2. Les premiers Chrétiens appelaient apôtres les évêques qui succédaient aux apôtres. (Théodoret.)