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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ne sont épousées. Je le demande, une femme qui n’a plus rien de son sexe, virile et parfaite comme l’homme, n’est-elle pas transformée en homme ? Tel fut le rire de Sara lorsque la naissance d’un fils lui fut annoncée. Ce n’était pas, j’imagine, qu’elle fût incrédule aux promesses de l’ange ; mais elle rougissait des nouvelles relations conjugales qui devaient la rendre mère d’un fils. Et plus tard[1], quand Abraham est appelé en justice[2] devant le roi d’Égypte à cause de la beauté de Sara, ne la nomme-t-il pas sa sœur, comme née sinon de la même mère au moins du même père ?

Ceux qui se repentent de leurs péchés et n’ont pas cru fermement, sont obligés de prier pour obtenir de Dieu ce qu’ils demandent ; mais ceux qui vivent sans transgresser la loi et dans les intuitions de la connaissance, n’ont qu’à former un vœu pour qu’il soit aussitôt accompli. Voyez Anne ! Elle désire un fils ; soudain il lui est donné de concevoir Samuel. « Demande, dit l’Écriture, je ferai : forme un vœu dans ton esprit je l’accomplirai. » Nos traditions nous disent, en effet, que « Dieu connaît le fond des cœurs » ; mais il n’a pas besoin, comme les hommes, d’un mouvement de l’âme, pour surprendre ces secrets, ni d’un événement qui les lui manifeste ; il serait ridicule de le penser. Quand Dieu, après avoir créé la lumière, la contemple et dit qu’elle est bonne, il ne ressemble pas non plus à un architecte qui approuve un ouvrage achevé. Avant de faire jaillir la lumière du néant, sachant bien ce qu’elle devait être un jour, il l’approuva telle qu’elle fut plus tard, sa puissance créant ainsi, dans l’éternité de ses conseils, un bien qu’il devait réaliser ; c’est ainsi que, cachant la vérité sous la figure que nous appelons hyperbate, il loue par anticipation

  1. La Bible et la raison placent cet événement avant la fécondité de Sara.
  2. Ekinduneue. Ce verbe ne signifie pas seulement courir un danger, mais être traduit en justice. La Bible est là pour établir qu’Abraham ne courut aucun danger de la part d’Abimélech, mais qu’il fut appelé devant lui pour rendre compte des motifs qu’il avait eus de cacher la véritable nature des liens qui l’unissaient à Sara.