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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

beaucoup d’hommes sur la pente du péché, et la promesse détermine l’obéissance qui amène le salut. Le bien le plus parfait, c’est donc la connaissance, puisqu’elle est désirable en elle-même, et conséquemment les œuvres accomplies par elle sont aussi les plus parfaites. Le châtiment infligé au pécheur le redresse et le corrige ; mais pour les hommes dont l’œil voit de plus loin, le châtiment est un exemple qui leur crie : Gardez-vous de tomber dans les mêmes fautes.

Travaillons donc à l’acquisition de la connaissance, en l’embrassant non pas dans l’espoir des biens qu’elle procure, mais dans le but unique de la posséder. Le premier de ses fruits, c’est une manière d’être gnostique, d’où naissent les voluptés les plus pures, et l’allégresse dans le présent comme dans l’avenir. Or, on définit l’allégresse une joie qu’engendre la méditation de la vertu véritable, et dans les transports de laquelle l’âme s’épanouit et se dilate. Les œuvres qui participent de la connaissance sont les bonnes et les belles actions ; car la véritable opulence consiste dans l’abondance des actions vertueuses, de même que la pauvreté réelle est l’indigence des désirs honnêtes, puisque la possession et l’usage des choses nécessaires, innocents par leur qualité, ne commencent à nuire que par leur quantité, dès lors qu’ils excèdent la mesure. Voilà pourquoi le Gnostique, attentif à circonscrire ses désirs dans la possession et dans l’usage, ne dépasse jamais la limite du besoin. Regardant la vie comme nécessaire pour accroître ses lumières et monter au faîte de la connaissance, il attache un grand prix, non pas à vivre, mais à bien vivre. Ses enfants, son hymen, ses parents, il ne les préfère donc ni à Dieu, ni à la justice de cette vie. Lorsque sa femme lui a donné des enfants, elle n’est plus à ses yeux qu’une sœur, issue du même père, et ne se rappelant son mari qu’à l’aspect de ses enfants. Car elle sera véritablement un jour sa sœur, quand elle aura dépouillé ce vêtement de chair qui les distingue l’un de l’autre par le sexe et les empêche de se confondre par la connaissance. Les âmes, envisagées en elles-mêmes, se ressemblent toutes ; elles ne sont ni mâles ni femelles, puisqu’elles n’épousent ni