Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/532

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
528
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

le second désignera la philosophie, qui sert d’échelon à la vérité ; les morceaux de pain recueillis seront la parole elle-même du Seigneur[1].

« Et les poissons muets se précipitèrent en foule, » dit quelque part la muse tragique. « Il faut que je diminue et que le Verbe du Seigneur, qui est la fin de la loi, croisse seul désormais, » dit le prophète Jean. Écoutez et comprenez le mystère de la vérité ; mais pardonnez à mes réticences, si je n’ose m’exprimer plus ouvertement, me bornant à proclamer cet oracle : « Toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui. » Voilà pourquoi le divin apôtre le nomme « la principale pierre de l’angle. L’édifice posé sur lui, ajoute-t-il, s’élève et s’accroît jusqu’à devenir un temple consacré au Seigneur. » Laissons de côté pour le moment la parabole de l’Évangile, où il est dit : « Le royaume des cieux est semblable à un homme qui jette son filet dans la mer, et qui, dans la multitude des poissons qu’il prend, choisit les meilleurs et les plus beaux. » De plus, le livre de la sagesse qui est entre nos mains, proclame les quatre vertus cardinales en termes assez clairs pour que les sources des Hébreux aient coulé jusque chez les Grecs. Au reste, le texte parle de lui-même : « Et si quelqu’un aime la justice, ses travaux produisent les grandes vertus ; car la sobriété et la prudence enseignent la justice et la force, qui sont les choses les plus profitables aux hommes en cette vie. » Que conclure de tout ce qui précède ? Les hommes ne possèdent pas la vertu par un privilége de leur naissance ; ils apportent des dispositions à la vertu et sont propres à l’acquérir.

  1. Nous adoptons ici l’explication de Potter.