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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

la musique, parce qu’elle orne et adoucit le caractère. C’est ainsi que dans les repas chrétiens nous nous provoquons mutuellement à chanter, comme on passe de main en main la coupe du banquet, éteignant ainsi le désir par l’influence de la musique, et en même temps glorifiant Dieu pour l’abondance des biens qu’il nous a départis, et pour les aliments qu’il nous fournit sans cesse afin d’entretenir les doubles facultés de l’âme et du corps. Mais loin de nous comme vaine et superflue cette musique énervante, qui jette l’âme dans des impressions diverses, tantôt tristes et mélancoliques, tantôt impudiques et soulevant les sens, tantôt extravagantes et frénétiques !

L’astronomie a aussi son utilité. D’une part, en nous initiant à la connaissance des phénomènes célestes, en nous enseignant la configuration de la terre, de l’univers, les révolutions du ciel et le mouvement des astres, elle élève notre intelligence jusqu’aux pieds de la vertu créatrice ; de l’autre, elle nous apprend à distinguer sans peine le retour des saisons, les changements de température, le lever et le coucher des constellations. Aussi est-elle d’un grand secours à la navigation et à l’agriculture, de même que l’architecture s’aide de la géométrie pour élever ses monuments ou ses édifices.

Cette dernière science aiguise singulièrement les facultés de l’âme, qu’elle rend plus prompte à percevoir et à distinguer la vérité, à réfuter le mensonge et à découvrir les rapports d’homologie et d’analogie. Par elle nous saisissons la ressemblance dans la dissemblance ; par elle nous trouvons une longueur sans largeur, une surface sans profondeur, un point indivisible et sans étendue ; par elle enfin, nous nous élevons des choses sensibles aux choses qui ne sont perceptibles qu’à l’intelligence.

Les sciences sont donc les auxiliaires de la philosophie, et la philosophie elle-même n’est qu’une aide pour conduire à la vérité. Considérez ce manteau. D’abord ce ne fut qu’une toison ; puis la laine fut brisée sous la main du cardeur ; puis on en forma une trame, puis une chaîne, puis enfin une étoffe. Avant que l’âme atteigne à la perfection, il lui faut aussi passer par des exercices préparatoires et subir plusieurs épreuves. Car la