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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

gnable : on ne renverse que les opinions fausses. N’est-ce pas après avoir comparé la bonne pourpre avec la mauvaise, que nous déterminons notre choix en faveur de la première ? Avouer que l’on chancelle dans ses convictions, c’est déclarer que l’on ne possède ni la pierre de touché du changeur, ni le critérium de la vérité. Et comment cet homme inhabile pourra-t-il s’asseoir au comptoir du banquier, s’il est incapable d’éprouver les pièces qu’on lui présente et de discerner la bonne d’avec la fausse monnaie ? « Le juste ne sera point ébranlé dans l’éternité, » s’écrie David. Qu’est-ce à dire ? Les discours trompeurs, les plaisirs mensongers passeront près de lui sans l’ébranler, d’où il suit que rien ne pourra l’arracher à l’héritage qui l’attend. « Quelles que soient les menaces qu’on lui adresse, la crainte n’entrera point dans son cœur. » Que lui font les vaines calomnies et les fausses opinions qui circulent sur son compte ? il ne redoutera pas davantage les artifices d’un discours captieux : n’est-il pas capable de surprendre l’erreur dans ses détours ? n’est-il pas prêt à interroger et à répondre comme il convient ? La dialectique, en effet, se dresse comme un rempart qui arrête les sophistes et les empêche de fouler aux pieds la vérité. « Il faut selon le langage du prophète, que le cœur de ceux qui se glorifient dans le saint nom du Seigneur, et qui cherchent le Seigneur, soit dans l’allégresse. Implorez le Seigneur et sa force. Cherchez sans cesse et par toutes les voies possibles sa présence. » Car de ce qu’il a parlé « en diverses occasions et de plusieurs manières », il résulte qu’il y a plus d’une manière de le connaître. Le véritable Gnostique, au lieu de regarder comme des puissances directes, les sciences nombreuses qu’il acquerra, n’y verra que des forces auxiliaires, qui l’aideront à s’élever jusqu’à la vérité, en le mettant à même de discerner ce qui est général d’avec ce qui est particulier. La cause de nos erreurs et de nos fausses opinions, il ne l’ignore pas, vient de ce que nous ne savons pas distinguer quels sont les rapports communs des choses et les points qui les séparent les unes des autres. Laisser flotter le langage à travers les objets sans division, ni catégorie, ce sera confondre sans le savoir, le particu-