Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/520

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
516
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ment le Chrétien comprend la cause première, et la cause qui a été engendrée par elle, immuable dans ses convictions, parce qu’elles reposent sur des raisons péremptoires, inébranlables ; il a de plus appris de la bouche de la Vérité même sur le bien, sur le mal, sur la création, et, pour le dire en un mot, sur tout ce qu’a révélé le Seigneur, la vérité la plus complète depuis l’origine du monde jusqu’à sa destruction. Que lui importent les probabilités ou les arguments les plus nécessaires de la Grèce ? Il se garde bien de leur accorder plus d’estime qu’à la vérité. Le langage du Seigneur, obscur pour les autres, est lumineux pour lui. C’est ainsi que lui a été transmise la connaissance universelle ; car les oracles de nos saints livres enseignent l’avenir tel qu’il sera, le présent tel qu’il est, le passé tel qu’il a été. Dans le domaine de la science qui procède par démonstrations, le Gnostique l’emportera par ses lumières sur tous les autres ; la palme lui restera dans toutes les questions du bien et de l’honnête. L’esprit incessamment tourné vers les objets perceptibles uniquement à l’intelligence, c’est d’après ces divins archétypes qu’il réglera sa marche à travers les choses humaines, à peu près comme ces navigateurs qui interrogent l’étoile avant de lancer le navire. Il est toujours prêt à faire le bien ; il s’élève au-dessus des revers qui peuvent troubler l’âme. Faut-il endurer quelque tribulation ? Point de témérité dans ses entreprises ; pas un mouvement qui soit en dissonance avec lui-même ou avec l’État ; prudent et circonspect, indomptable aux voluptés, soit que la veille, soit que le songe essaie de le corrompre. En effet, accoutumé à un régime sévère et frugal, il est tempérant, dispos avec gravité, n’ayant besoin pour vivre que de ce qui est rigoureusement nécessaire, et ne s’occupant jamais du superflu. Ne lui dites même pas que ce nécessaire a son importance ; il l’accepte dans sa juste mesure, comme indispensable au soutien de cette vie matérielle, qu’il partage avec le reste des hommes.