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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

chiel, nous prouverons plus tard qu’ils se trompent) ; Alexandre veut encore que Pythagore ait en outre entendu les Galates et les Brachmanes. Cléarque le péripatéticien nous dit qu’il connaissait un certain Juif qui avait eu des relations et des entretiens avec Aristote. Héraclite prétend que les paroles de la Sybille n’émanaient pas d’une intelligence humaine, mais bien plutôt de l’inspiration divine. Aussi dit-on que dans la salle des délibérations, à Delphes, on montrait une pierre qui, selon la tradition, avait servi de siége à la première Sybille, laquelle était venue de l’Hélicon, après avoir été élevée par les Muses. Quelques-uns la disent venue de Malée, et fille de Lamie de Sidon. Dans un poème, Sérapion dit que la Sybille n’a pas cessé de prédire, même après sa mort, et que ce qui s’est alors exhalé d’elle dans les airs constitue la faculté divinatrice des augures et des présages ; et que son corps, après s’être changé en terre, ayant fait, comme de raison, pousser de l’herbe, les entrailles de tous les bestiaux qui la broutaient à l’endroit même où elle croissait, donnaient aux hommes une connaissance parfaite de l’avenir. Il croit enfin que le visage que nous présente la lune est l’âme de cette Sybille. Voilà ce que nous apprennent d’elle les traditions anciennes. Numa, roi des Romains, était pythagoricien ; c’est d’après ce qu’il apprit dans les livres de Moïse, qu’il défendit aux Romains de représenter Dieu sous l’image d’un homme ou de tout autre être vivant. Aussi, dans les cent soixante-dix premières années, on ne voit dans leurs temples aucune statue ni peinture. Numa leur montrait ainsi, d’une manière allégorique, qu’on ne peut atteindre au souverain bien que par l’intelligence. Ainsi donc la philosophie, cette science si utile, fleurit autrefois chez les barbares, et brilla au milieu des nations. Plus tard, elle pénétra aussi chez les Grecs. Ceux qui la professèrent furent en Égypte, les prophètes ; en Assyrie, les Chaldéens ; en Gaule, les Druides ; en Bactriane, les Samanæens ; parmi les Celtes, les philosophes ; en Perse, les mages (ces derniers annoncèrent aussi la naissance du Sauveur, avant qu’elle fut connue, et vinrent en Judée, conduits par une étoile) ; dans les Indes, les Gymnoso-