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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

de la promesse étant la Vérité elle-même, et dès lors bien digne de foi, le Chrétien parfait a d’avance reçu la réalisation de la promesse, par la certitude où il est qu’il la recevra infailliblement. Or, celui qui a la conscience que son état est la ferme compréhension de l’avenir, devance ce même avenir par l’ardeur de la charité. Aussi ne demande-t-il à Dieu aucun des biens d’ici-bas. Il a l’inébranlable persuasion qu’il obtiendra les trésors véritables. Toutes ses prières sont pour que Dieu lui conserve cette foi qui réalisera ses vœux ; il souhaite en outre que le plus grand nombre, possible de fidèles soient semblables à lui pour accroître la gloire de Dieu, qui éclate surtout par la connaissance. Car quiconque ressemble au Sauveur, autant du moins qu’il est permis à la nature humaine d’en approcher, par l’accomplissement irréprochable des divins préceptes, est lui-même une sorte de Sauveur. C’est là honorer Dieu par la véritable justice, celle des actions et de la connaissance. Le Seigneur n’attend pas la prière de ce digne serviteur. « Demande, lui dit-il, et je ferai ; forme un vœu et je l’accomplirai. » En général, l’immutabilité ne peut prendre pied, ni s’asseoir dans la perpétuelle mobilité. Si ce principe est vrai, la faculté à laquelle appartient l’empire, livrée à de continuels changements, perd son équilibre, et la puissance de se constituer. Je vous le demande, sur ce terrain toujours remué par le choc des objets extérieurs, comment parvenir à se constituer et à s’asseoir ; en un mot, comment s’affermir dans la possession de la connaissance ?

Au dire des philosophes eux-mêmes, les vertus sont des manières d’être, des dispositions intérieures, des sciences. La science n’est pas innée dans l’homme : elle est fille de l’éducation, et des relations réciproques. Pour se livrer à nous, elle réclame, dès l’origine, les soins, la culture, et les progrès du disciple. On ne la possède et on ne s’y affermit d’une manière constante que par une méditation assidue. Il en va de même de la science divine. Quand elle est consommée dans l’intelligence des saints mystères, la charité l’assied sur un fondement indestructible. En effet, parvenu à cette hauteur, non-seule-