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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

pour les doctrines des Barbares, soit par crainte de la mort que les lois civiles tiennent toujours suspendue sur la tête des fidèles. Mais la main, accoutumée à répandre l’ivraie, en a semé dans la philosophie grecque comme dans la philosophie barbare. De là, les hérésies qui ont surgi parmi nous concurremment avec le bon grain. De là, les doctrines impies d’Épicure, la volupté devenue le souverain bien, et les mille extravagances que les sophistes mettent en circulation sous le nom de la philosophie grecque, fruits adultères de cette divine agriculture que Dieu donna aux Grecs. Les voilà, ces doctrines sensuelles et orgueilleuses que l’apôtre appelle la sagesse du siècle, parce qu’elles n’enseignent que les frivolités de ce monde, bornant à lui toutes leurs pensées, dépendantes par-là même et soumises à l’empire des princes de ce monde. C’est ce qui rabaisse la philosophie grecque au rang d’une science partielle et incomplète. Elle n’est qu’un premier échelon vers la science consommée qui vit loin de cette terre, dans le monde perceptible à la seule intelligence, et s’occupe de ces choses plus spirituelles encore, « que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, dont le cœur de l’homme n’a jamais conçu la pensée, » avant que le maître ne les eût expliquées, et n’eut dévoilé aux légitimes héritiers de l’adoption divine d’abord le Saint des saints, puis progressivement des mystères plus vénérables encore.

Nous osons même avancer, car la foi qui s’appuie sur la connaissance s’élève jusque-là, que le véritable Gnostique n’ignore rien, et qu’il embrasse dans sa ferme et inébranlable compréhension tout ce qui demeure inexplicable à notre intelligence et appartient à la science surnaturelle. Tels furent Jacques, Pierre, Jean, Paul, et tous les autres apôtres. Les prophéties, en effet, contiennent tous les mystères de la Gnose, puisque le Seigneur, après les avoir placées sur les lèvres des prophètes, les expliqua lui-même aux apôtres. La connaissance n’est-elle donc pas une faculté de l’âme raisonnable, à l’aide de laquelle nous inscrivons notre nom dans le livre de l’immortalité ? L’âme prend son essor sur deux ailes, la connaissance et le désir. Le