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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

connaît le roi égyptien, et il nous le montre plus sage que Toïth, qu’il sait être une sorte de Mercure. De plus, il paraît, d’après ce qu’il dit dans son Charmide, avoir connu quelques Thraces qui passent pour croire l’âme immortelle, On rapporte que Pythagore eut pour maître Sonchis, le premier des sages égyptiens ; Platon, Sechnuphis d’Héliopolis ; et Eudoxe de Cnide, Chonuphis, également égyptien. Dans le dialogue sur l’âme, Platon paraît encore reconnaître le don de la prophétie ; car il introduit un prophète qui proclame les arrêts de Lachésis, et qui prédit l’avenir aux âmes désignées par le sort. Pour venir sur la terre dans le Timée, il nous montre le sage Solon recevant des leçons d’un barbare. Telles sont les paroles qu’on lui adresse : « Ô Solon, Solon, vous autres Grecs, vous êtes toujours enfants. Il n’y a pas un vieillard parmi vous, car vous n’avez aucune doctrine que le temps ait rendue vénérable. » En effet, Démocrite a composé des traités sur la morale babylonienne, et l’on dit qu’il a joint à ses écrits l’interprétation des hiéroglyphes gravés sur la colonne d’Acicarus. On peut s’assurer du fait par les ouvrages mêmes de ce philosophe : or, voilà ce qu’écrit Démocrite parlant de lui-même, et se glorifiant de son érudition ; « Parmi les hommes de mon temps, c’est moi qui, pénétrant jusqu’aux peuples les plus reculés pour en étudier les traditions, ai parcouru le plus de contrées, moi qui ai vu le plus de régions aériennes ou terrestres, moi qui ai entendu le plus d’hommes érudits ; et pas un ne m’était comparable pour disposer des lignes et résoudre les problèmes ; pas un, même parmi les égyptiens, nommés Arpédonaptes. J’ai vécu comme hôte pendant quatre-vingts ans avec tous ces différents sages. » En effet, il parcourut la Babylonie, la Perse et l’Égypte, et se fit le disciple des mages et des prêtres. Pythagore s’inspira de la philosophie de Zoroastre, mage de la Perse ; ceux qui partagent l’hérésie de Prodicus se glorifient de posséder des livres apocryphes de ce mage. Alexandre, dans son ouvrage sur les symboles pythagoriciens, rapporte que Pythagore fut le disciple de l’assyrien Nazaratus (quelques-uns pensent que cet assyrien est Ézé-