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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

où tous écoutent ensemble) représente indirectement le lieu que maintenant nou§ nommons Église (ecclesia, assemblée). Platon ne nie pas qu’il ait reçu des barbares ce que sa philosophie renferme de plus beau ; et il avoue qu’il est allé en Égypte ; c’est pourquoi il écrit dans le Phaedon que le philosophe peut recueillir en tous lieux quelque avantage. « La Grèce est grande, ô Cébès, dit-il, et elle renferme des hommes doués de mille qualités : les peuples barbares sont nombreux aussi. » Platon pense donc que les barbares aussi possèdent quelques philosophes. Épicure, au contraire, croit que les Grecs seuls peuvent se livrer à la philosophie. Mais Platon, dans le Banquet, louant les barbares pour avoir excellé dans la philosophie, leur rend justice aussi bien qu’aux Grecs ; il montre les honneurs qu’ils ont reçus de leurs dignes successeurs. Il est certain que les barbares ont environné des plus grands hommages leurs législateurs et leurs maîtres, car ils les ont appelés dieux. Ils pensent, s’il faut en croire Platon, que les âmes vertueuses, après avoir abandonné la région qui est au-dessus des cieux, ont bien voulu descendre sur cette terre, dans ce tartare, et y revêtir un corps, et prendre leur part de tous les maux attachés à la condition mortelle, et que, chargées de veiller sur le sort des hommes, ce sont elles qui ont fondé les lois, et ont enseigné la philosophie, le plus grand des biens que les hommes aient reçu ou recevront jamais. C’est aussi, je crois, pour avoir compris la grandeur des bienfaits qu’ils tenaient des sages, que les Brachmanes, les Odrysiens et les Gètes leur rendirent les honneurs divins ; c’est par le même motif que la nation égyptienne les mit au rang des dieux ; comme aussi les Chaldéens et les Arabes, surnommés heureux, et tous les peuples qui habitèrent la Palestine, et une grande partie des Perses, et des milliers d’autres nations. Platon ne fait pas mystère de l’estime qu’il porte aux barbares. Il se souvenait que lui et Pythagore tenaient des barbares une suite de vérités les plus belles et les plus élevées de la philosophie. C’est pour cela qu’il nomme ces peuples, nations de philosophes barbares. Il fait voir dans son Phœdre qu’il