Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/494

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
490
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ques, rats, belettes, chats, chiens, singes, ils ont tout divinisé. Ils sacrifient leurs propres aliments à ce qui leur sert d’aliment : ils offrent la mort à la mort, comme si ces hommes, objets de leurs hommages, étaient des dieux, ingrats par là même envers le Dieu véritable dont leur impiété nie l’existence. » Et qu’il en soit ainsi, c’est-à-dire, que nous et les Grecs nous connaissions le même Dieu, quoique non également, c’est ce que l’apôtre confirme dans les paroles qui suivent : « Ne l’adorez point non plus comme les Juifs. En effet, s’imaginant que seuls ils connaissent Dieu, et pourtant ne « le connaissant pas, ils adorent les anges, les archanges, le mois et la lune. Examinez-les ! Si la lune ne paraît pas, ils ne célèbrent ni ce qu’ils nomment le premier sabbat, ni la néoménie, ni les azymes, ni la fête, ni le grand jour. » Pierre ajoute ensuite sous forme de conclusion : « C’est pourquoi, recevant dans la justice la tradition que nous vous annonçons, rendez à Dieu un culte nouveau par Jésus Christ. Car nous lisons dans l’Écriture ces paroles : Voilà que je fais avec vous une nouvelle alliance, non comme celle que j’ai faite avec vos pères sur le mont Oreb. Il nous a donné un Testament nouveau : la loi des Grecs et celle des Juifs sont les lois anciennes. Nous lui rendons, nous Chrétiens, sous une troisième forme, un culte nouveau. »

L’apôtre, si je ne me trompe, prouve clairement, par ce qui précède, que les Grecs ont connu le seul et unique Dieu de la manière qui était propre aux Gentils, les Juifs de la manière qui était propre aux Juifs, et nous d’une manière nouvelle et spirituelle. Il montre de plus que le bienfait des deux Testaments émane du même Dieu, de ce même Dieu qui a donné aux Grecs leur philosophie pour glorifier le Tout-Puissant. Les paroles que nous avons citées en sont l’infaillible témoignage. Ainsi donc, fils des doctrines de la Grèce, enfants de la loi mosaïque, tous ceux que la foi soumet à son empire se confondent dès-lors en une seule famille et composent le peuple qui marche dans les voies du salut. Ce n’est pas le temps qui sépare et distingue ces trois branches du genre humain ;