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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE V.
Les Grecs ont eu quelque connaissance du vrai Dieu.

Que les plus vertueux d’entre les Grecs aient connu Dieu, non d’une connaissance complète, mais par la tradition générale, Pierre le dit expressément : « Reconnaissez donc un seul Dieu, créateur de toutes choses, qui a dans ses mains le commencement et la fin de tous les êtres, qui voit tout, quoiqu’il soit lui-même invisible, qui contient toutes choses sans pouvoir lui-même être contenu ; qui n’a besoin de rien, quoique tous aient besoin de lui, et subsistent par lui ; incompréhensible, éternel, incorruptible, incréé ; qui a tout fait par la puissance de sa parole, c’est-à-dire dans le sens spirituel et révélé, par le Verbe son fils[1]. » Pierre ajoute ensuite : « Adorez ce Dieu, non pas comme les Grecs. » Pourquoi ? Évidemment parce que les hommes vertueux, parmi les Grecs, adorent le même Dieu que nous, mais n’ont pas appris, comme nous, à le connaître parfaitement par la tradition du fils de Dieu. Il ne dit donc point : N’adorez pas le même Dieu que les Grecs ; mais ne l’adorez point comme les Grecs. L’apôtre change la forme du culte ; mais il n’annonce pas un autre Dieu. Au reste, il va nous expliquer lui-même ce qu’il entend par ces mots : « N’adorez point comme les Grecs. » « Entraînés par une honteuse ignorance, dit-il, et ne connaissant pas Dieu selon la connaissance parfaite que nous en avons, ils ont taillé en statues le bois, la pierre, l’airain, le fer, l’or, l’argent ; puis, érigeant devant eux la matière qui leur avait été donnée pour leur usage, et qui était l’esclave de leurs mains, ils se sont agenouillés devant elle. Ils adorent pareillement les êtres que Dieu a destinés à leur nourriture, et ceux qui volent dans les cieux, et ceux qui nagent dans les eaux, et ceux qui rampent sur la terre. Bêtes féroces, quadrupèdes domesti-

  1. Apocryphe, ainsi que les passages suivants.