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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

l’environne se couvre d’épais nuages. La pluie s’en échappe par torrents prolongés qui remplissent le pays tout entier. De là naît une récolte abondante sur une terre qu’ont labourée les supplications d’Éaque. « Et Samuel cria vers le Seigneur, dit l’Écriture ; et le Seigneur fit éclater son tonnerre et tomber la pluie au temps de la moisson. » Êtes-vous bien convaincu maintenant qu’il est un, le Dieu qui, par l’intermédiaire des puissances inférieures, « fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes ? » Nos saintes Écritures sont pleines d’exemples qui représentent Dieu exauçant toutes les prières qui lui sont adressées par la bouche des justes !

Les Grecs rapportent encore que les vents étésiens venant autrefois à manquer, Aristée offrit un sacrifice à Jupiter isthmien dans l’île de Céos. Le désastre était grand. Les productions de la terre étaient déjà consumées par l’excès de la chaleur, dans l’absence des vents qui avaient coutume de rafraîchir les moissons, lorsqu’Aristée obtint facilement le retour des souffles bienfaiteurs.

Pendant l’invasion de la Grèce par Xercès, la Pythie de Delphes rendit cet oracle :

« Habitants de Delphes, sacrifiez aux vents et tout ira mieux pour vous. »

Les Delphiens, dociles, érigèrent un autel, offrirent un sacrifice aux vents, et les obtinrent pour auxiliaires. En effet, les vents ayant soufflé violemment dans les parages du cap Sépiade, brisèrent le formidable armement de la flotte ennemie.

Empédocle d’Agrigente fut surnommé Kolysanémas.[1] On raconte qu’un vent impétueux, qui non-seulement apportait des malades pestilentielles, mais de plus frappait de stérilité le sein des femmes, étant venu à souffler de la montagne d’Agrigente, Empédocle arrêta le fléau. Voilà pourquoi il écrit lui-même dans ses vers :

  1. Qui arrête le vent. Koluô, empêcher ; anemos, vent.